« Pipeline » : le premier roman punk et poétique de Rachel M. Cholz

La romancière Rachel M. Cholz.  - Credit:Bénédicte Roscot/Seuil/SP
La romancière Rachel M. Cholz. - Credit:Bénédicte Roscot/Seuil/SP

« Cette sensation de niquer la mappemonde en voyant surgir comme un geyser le jus transparent. J'ai encore du gazole sur la langue. Une toux veut sortir, je me recroqueville. »

Belgique, zone interlope, sur un parking une fille et un garçon siphonnent de l'essence. Ce business leur permet de se faire trois sous de contrebande. Le délit est aussi grisant que les vapeurs de gazoline.

L'affaire prend de l'ampleur quand Alix, le compère de la narratrice, visse un robinet à un pipeline. Les bidons se multiplient, des mafieux passent commande, le trafic s'organise. Quel roman singulier que ce Pipeline, qui raconte l'ascension de deux petits délinquants attachants dansant sur les ruines d'un monde qui tourne à une essence dont le prix ne cesse de monter.

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Ce pourrait être un préquel à Mad Max, le tableau saisi sur le vif d'une génération consciente de l'éphémère de sa situation, du chaos à venir, et déterminée à en tirer profit. « Chargés de gazole et d'adrénaline », ils ont pour complices des prostituées aux silhouettes d'Apaches, des clochards pessimistes et des mères de famille désargentées.

Humanité joyeuse et déglinguée

Rachel M. Cholz signe un premier roman terriblement punk, d'une beauté radicale. Les deux rusés filent droit vers la catastrophe. Chacun veut sa dose d'essence, du voleur au revendeur en passant par les conducteurs.

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