« Pinocchio » ou l’autobiographie déguisée de Guillermo Del Toro

Pinocchio de Guillermo Del Toro est à retrouver dès le 9 décembre sur Netflix.   - Credit:Netflix
Pinocchio de Guillermo Del Toro est à retrouver dès le 9 décembre sur Netflix. - Credit:Netflix

« C'est une très vieille obsession pour moi, racontait Guillermo Del Toro l'an dernier sur NPR, la radio publique américaine, Pinocchio et Frankenstein sont les deux mythes qui ont hanté toute mon enfance. Et donc il n'y a rien de plus personnel, de plus intime pour moi que de réaliser un Pinocchio. » Son Pinocchio, enfin disponible sur Netflix, est à la hauteur de cette promesse : un grand film, sombre et bouleversant, qui – la comparaison avec Frankenstein le signale d'emblée – ne s'adresse pas aux jeunes enfants mais plutôt aux adolescents.

Le roman de Carlo Collodi, qui date de 1881, a donné lieu à de multiples adaptations – près d'une soixantaine – et à quelques chefs-d'œuvre, en premier lieu le long-métrage de Walt Disney bien sûr (1940) d'une grande puissance onirique, et le magnifique feuilleton télévisé de Luigi Comencini, souvent vu en France dans une version courte (1972) et qui s'attache à la solitude affective de la petite marionnette. Del Toro est le premier à transposer l'histoire sous le fascisme (Benito Mussolini en personne assiste à un spectacle de la marionnette). Il est le premier, également, à filmer Pinocchio en « stop-motion », cette technique qui consiste à animer des objets et des marionnettes miniatures dans de vrais décors et qui a inspiré à Wes Anderson (Fantastic Mr Fox, 2009) et à Tim Burton (L'Étrange Noël de Mr Jack, 1993) certains de leurs meilleurs films.

Il y a une logique poétique profonde à adapter Pinocchio – cette hist [...] Lire la suite