Pilule abortive aux États-Unis : Trump et les républicains ne commentent pas la suspension

L’ancien président des États-Unis Donald Trump, pourtant défenseur de l’interdiction d’avorter, s’est abstenu de commenter le retrait du marché de l’une des deux pilules abortives aux États-Unis, le 7 avril.
L’ancien président des États-Unis Donald Trump, pourtant défenseur de l’interdiction d’avorter, s’est abstenu de commenter le retrait du marché de l’une des deux pilules abortives aux États-Unis, le 7 avril.

ÉTATS-UNIS - Un mutisme inhabituel. Alors qu’un juge fédéral a suspendu la semaine dernière la prescription de la mifépristone, l’une des deux pilules abortives disponibles sur le marché aux États-Unis, le camp républicain − qui devrait fêter une victoire − s’illustre par… son silence. Un signe que Donald Trump et les autres ténors du parti se rendent compte que défendre des positions trop extrêmes se ressent dans les urnes.

Alors que le gouvernement américain a demandé lundi 10 avril à une cour d’appel fédérale de garantir l’accès à la pilule abortive aux États-Unis, l’état-major du parti républicain, qui a longtemps utilisé cette question pour électriser sa base religieuse, a en effet pour la première fois préféré se taire.

Seul le très conservateur Mike Pence, coqueluche des milieux évangélistes et ancien vice-président républicain, est sorti du bois, saluant une décision qui « répare une erreur vieille de 20 ans », quand ce cachet avait été autorisé par les autorités sanitaires.

Après un vote du si conservateur Kansas pour protéger l’accès à l’avortement, une déconvenue à un scrutin dans l’État de New York et un score extrêmement décevant aux élections de mi-mandat, les voyants sont au rouge depuis plusieurs mois pour le parti républicain. Dynamiter le droit à l’avortement, objectif affiché du parti, aurait dû faire les affaires de la formation politique, mais à en croire les sondages, les Américains sont désormais au moins 60 % à vouloir protéger l’accès à l’interruption volontaire de grossesse.

Des voix s’élèvent dans le « Grand Old Party »

« Je parie qu’un grand nombre de républicains souhaiteraient que la question du droit à l’avortement disparaisse discrètement », a tancé David Axelrod, un ancien conseiller de Barack Obama, sur Twitter. « Ils sont pris à leur propre piège. »

Dans l’autre camp, tout le contraire. Les démocrates n’ont pas perdu une minute pour critiquer l’arrêt dénonçant une décision dangereuse pour les droits des femmes. Ils se sont empressés d’attribuer la décision du juge texan, nommé par Donald Trump, directement à l’ancien président, qui pourrait à nouveau affronter Joe Biden en novembre 2024.

« Que l’on soit clair : on parle ici de l’objectif des républicains d’interdire l’avortement dans tout le pays », a tonné le chef des démocrates au Sénat, Chuck Schumer, critiquant un « programme trumpiste ».

Si les républicains ont longtemps répliqué en accusant les démocrates de vouloir proposer des « avortements à la demande », de premières voix s’élèvent désormais dans le « Grand Old Party » pour appeler à un changement de cap urgent.

« Nous avons été insensibles et nous sommes perdus »

« Nous avons été insensibles et nous sommes perdus », a alerté lundi la républicaine modérée Nancy Mace. « Si nous montrions aux gens que nous nous soucions d’eux, nous serions en bien meilleure position pour les convaincre que nos idées sont meilleures », a-t-elle plaidé sur Twitter.

Mais ces appels se heurtent pour l’instant à la ribambelle de projets de loi interdisant complètement l’avortement, même en cas de viol ou d’inceste, adoptés ces derniers mois dans des assemblées locales contrôlées par la droite dure.

Dans l’Iowa, un État du Midwest qui pèsera beaucoup dans les primaires républicaines de 2024, une procureure conservatrice a suspendu la semaine dernière le remboursement de pilules du lendemain pour les victimes d’agressions sexuelles. En Caroline du Sud, l’État de Nancy Mace, une dizaine de républicains défendent un texte prévoyant que les femmes ayant recours à l’avortement puissent être condamnées à mort.

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