«Cette photo ne peut qu’interpeller notre lâcheté»

Découverte du corps de Aylan Kurdi par des policiers turcs sur une plage de Bodrum, au sud de la Turquie, le 2 septembre.

Alain Mingam, photojournaliste et lauréat du World Press, analyse la puissance de l'image qui fait ce jeudi le tour du monde : celle d'Aylan, un petit Syrien de trois ans retrouvé mort sur une plage de Bodrum en Turquie.

Un petit garçon mort échoué sur une plage turque lors de sa tentative de rejoindre l’Europe. L’image terrible de ce petit Syrien en tee-shirt rouge et short bleu, couché face contre terre sur le sable fait ce jeudi la une de nombreux journaux européens. Alain Mingam, photojournaliste, lauréat du World Press et président du Prix Photo AFD explique pourquoi cette image peut devenir le symbole de la crise des migrants.

Pourquoi cette photo fait-elle le tour du monde ?

On retrouve dans cette photo tous les éléments émotionnels qui sortent de la banalisation de toutes les images sur la guerre. Elle interpelle notre œil, notre conscience de citoyen. Elle est d’autant plus terrible qu’elle se situe sous le soleil des vacances, sur la plage. Cela contraste entre ce décor de paradis et l’enfer d’une situation. Et il n’y a ici aucune esthétisation, aucun effort émotionnel. «Regardez cette horreur devenue banale», nous dit cette image.

Ce n’est pourtant pas la première image diffusée sur ce drame. Pourquoi celle-ci sort-elle du lot ?

Parce qu’il n’y a, dans cette photo, aucun effet de groupe. Cet enfant seul, isolé dans sa mort dramatique, nous touche en tant que père, mère, frère ou sœur. On sort de l’anonymat de la foule pour aller vers un être humain, un enfant qui plus est. Cela ne peut qu’interpeller notre lâcheté. La gêne est à la mesure de l’horreur provoquée. L’actualité se moque de notre sort de nantis. Nous avons la double responsabilité d’avoir participé à ce chaos et de s’être laissé submerger par d’autres images terribles qui ne nous ont pas autant touchés parce que nous ne sommes pas allés au cœur de la dramaturgie de ces photos.

Pourquoi faut-il montrer cette photo selon vous ?

Parce qu’il faut dénoncer ce qui est insupportable. C’est un (...)

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