"Je peux faire du rap comme du zouk": l'artiste martiniquaise Meryl dévoile son premier album "Caviar I"

Pendant des années, Meryl a travaillé dans l'ombre de nombreux rappeurs français tels que Soprano, Shay, Niska ou SCH. Mais depuis un peu moins de cinq ans, l'artiste martiniquaise de 28 ans est enfin reconnue pour sa propre musique: un mélange zouk, dancehall, R'n'B, hip-hop et autres rythmes des Antilles, avec des textes rappés en créole et en français.

Après un EP à succès, Ozoror, sorti en 2023, deux nominations aux Victoires de la musique et aux Flammes en 2024, Meryl passe désormais un cap ce vendredi 14 juin et dévoile son premier album, Caviar I.

"C'est un aboutissement", se réjouit l'artiste auprès de BFMTV.com. "On y arrive donc je suis contente. J'ai déjà hâte de passer à la suite et de proposer d'autres choses."

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A post shared by Viktorija Burakauskas (@toribur) on Jan 21, 2020 at 8:43am PST

Début dans l'ombre des rappeurs

Car la passion pour la musique, Meryl l'a depuis son plus jeune âge. Née au Lamentin en Martinique, elle débute dans le milieu dans les années 2010 aidée par son cousin Specta. Lui-même rappeur, il la conseille pour structurer ses textes et trouver sa patte artistique. Ensemble, Meryl et Specta sortiront deux collaborations: ADN et Agression textuelle.

"C’était vraiment mon point de départ. J’ai eu des opportunités avec Specta qui était déjà bien installé dans la musique et puis je suis montée petit à petit", précise Meryl.

En 2015, alors qu'elle s'envole direction Montpellier pour entamer une licence après son bac, sur les conseils de ses parents, Meryl poursuit en parallèle son début de carrière dans la musique. Là, elle est repérée par le producteur montpelliérain Mr. Nin qui lui permet de sortir ses premiers morceaux en créole martiniquais I Luv Dat, Tounin ou encore An Chanjé, son premier succès auprès du public antillais.

Durant cette période, Meryl découvre le travail de ghostwriter - auteur qui écrit pour d'autres artistes - et de toplineuse - musicien qui aide les artistes à poser leur voix de manière efficace sur les mélodies.

"J'en faisais déjà en Martinique et ça m'éclatait alors j'ai fait savoir autour de moi que ça m'intéressait. J'ai envoyé des messages et j'ai été repérée", indique l'artiste.

Sollicitée par la maison d’éditions musicale ETMG en Ile-de-France, Meryl rejoint leur écurie de beatmakers et de toplineurs et s'illustre rapidement dans sa capacité à réaliser des hits.

Surnommée "la tubeuse à gage", elle travaille avec de nombreux artistes phares du rap et de la pop française tels que Soprano (Ninja), Matt Pokora (Douleur), SCH (Le Code), Shay (Liquide) ou encore Niska (Du lundi au lundi). "J'ai commencé par ce job parce que je voulais avoir une place à Paris pour démarrer ma carrière. Ça m’a permis de me faire connaître", déclare Meryl.

Une artiste polyvalente

Forte de sa réputation dans le milieu, Meryl dévoile une série de singles en 2019 - Béni, Béni, Ah lala, Wollan et La Brume - qui vont lui permettre de connaître le succès en solo dans l'Hexagone. Elle enchaîne ensuite avec sa première mixtape Jour avant Caviar en 2020.

Sur ce disque, l'artiste expose l'ensemble de son univers musical teinté d'influences antillaises et de hip-hop, le tout parsemé de textes incisifs rappés en français et en créole martiniquais.

Une formule musicale hyper efficace que Meryl va concrétiser sur ses EPs Quarantaine en 2020 et Ozoror en 2023 mais également sur son premier album Caviar I, sorti ce vendredi 14 juin sur son propre label Maison Caviar.

Dans ce nouveau disque, la rappeuse puise dans son patrimoine musical et rend hommage au zouk de l'artiste martiniquaise Princess Lover sur le morceau Mauvaise Élève, rappe énervée dans Bisous, s’essaye au genre jamaïcain du slack sur Gasolina, tente de la funk sur Siwo mais aussi du dembow, style musical venu de République Dominicaine, sur Dembow martiniquais.

"Quand je vais en studio je m’éclate tellement que peu importe le support sur lequel je vais aller je vais m’amuser dessus", assure Meryl. "Dans ma jeune carrière, j’ai proposé des choses hyper différentes et assumées donc mon public s’y attend. Il sait que je peux faire du rap comme je peux faire du zouk."

Faire rayonner les Antilles

Pour son premier album, Meryl s'est notamment entourée du rappeur Josman que l'on retrouve sur le morceau Ton Ami, mais a aussi fait appel à plusieurs étoiles montantes antillaises de sa génération. Sur le titre Dembow martiniquais, la rappeuse met ainsi en avant les artistes Lamasa, Jozii, Noelia, Shannon et Yozo.

"Ça s’est fait assez naturellement. Avec Tutuss (beatmaker et DJ, NDLR) et on s’est dit: ‘pourquoi on n'invite pas plein d’artistes qui seraient capables de tuer ce son?. On a demandé à Yozo, il a répondu tout de suite et puis les autres aussi", explique Meryl.

L'album Caviar I se conclut également sur un remix du morceau culte Siwo en duo avec son interprète, l'artiste martiniquaise Jocelyne Béroard, membre du célèbre groupe Kassav'. Une présence "importante" pour Meryl.

"D’avoir la validation de quelqu'un d'important dans le milieu artistique en Martinique pour mon premier album ça compte beaucoup. C’est une reconnaissance qui était importante pour moi", confie l'artiste.

Prochaine étape pour Meryl: la scène. Après une tournée des festivals cet été - Musilac, Cabaret Vert - l'artiste est attendue en Hexagone dès septembre puis en Martinique et en Guadeloupe en décembre 2024 pour faire vivre son nouvel album sur scène. "On ne va pas faire les choses brusquement, on va rajouter petit à petit des sons de ce disque dans le show. J’ai hâte de les chanter avec mon public", conclut Meryl.

Article original publié sur BFMTV.com