Peut-on communiquer avec une personne dans le coma ?
Une personne dans le coma peut-elle entendre et comprendre ce qu’on lui dit ? Éléments de réponses avec une spécialiste.
Dans les films et dans l’imaginaire collectif, une personne peut rester dans le coma des dizaines d’années allongée sur son lit sans bouger. "Cela n’existe pas dans la vraie vie, nous explique Maude Beaudoin-Gobert, chercheuse post-doctorante en neurosciences à l’Université de Lyon. Le coma est un état transitoire, qui dure de quelques heures à quelques jours en fonction des lésions cérébrales. Rapidement, les personnes vont avoir des réactions et ouvrir les yeux par exemple. C’est étonnant, mais ça arrive fréquemment."
L’Inserm définit le coma comme "la forme la plus sévère d’altération de la conscience". "Le coma est vraiment la phase très précoce qui suit la lésion cérébrale (AVC, traumatisme crânien…). Pendant cette phase, les personnes ont souvent des sédations, donc elles sont endormies", précise Maude Beaudoin-Gobert. Dans les cas les plus graves, l’arrêt des sédations conduit au décès et dans le meilleur des cas, une amélioration se produit rapidement. Le plus souvent, l’amélioration est lente et le patient peut passer par plusieurs états de conscience comme l’état végétatif.
Des tests incertains
Dans ce cas, "le patient dans le coma peut ouvrir et fermer les yeux, mais il ne va pas avoir accès à ce qu’on appelle le contenu de conscience, qui regroupe la personnalité, la mémoire, la capacité à utiliser le cerveau et à agir sur l’environnement", note la scientifique. En clair, le patient va être dans son lit avec les yeux ouverts, va pouvoir tourner la tête, mais sans conscience.
"Par définition, un patient dans le coma n’est pas conscient, écrit l’Inserm. On ne peut donc pas communiquer avec lui." Cependant, aucun test ne permet d’évaluer avec certitude le niveau de conscience des patients. "Fabien Perrin, enseignant chercheur en neurosciences à Lyon, a par exemple montré que certains patients ont une activité cérébrale quand ils entendent leur prénom. Mais on ne sait pas s’ils ont compris qu’on les appelait. Parfois, il se passe des choses dans l’environnement et le patient y réagit mais pour autant est-ce qu’on peut appeler ça de la communication ?", interroge Maude Beaudoin-Gobert. La chercheuse invite à la prudence : "Il faut parfois être humble et reconnaître qu'on ne sait pas tout."
Le syndrome de l’enfermement
Dans le doute, il est toujours conseillé de parler aux personnes dans le coma, de leur faire écouter des musiques familières et de leur faire sentir des odeurs. Pour leur éviter d’être isolées si elles étaient en réalité capables de comprendre, mais aussi pour peut-être les aider à évoluer vers un état de conscience plus grand.
De plus, il existe de rares cas où le patient est diagnostiqué à tort dans le coma, alors qu’il est en réalité conscient : c’est le syndrome de l’enfermement (locked-in syndrome en anglais). "Très souvent ce sont des personnes qui ont fait un AVC au niveau du tronc cérébral, dans la région qui fait le lien entre le cerveau et la moelle épinière, et qui n’ont plus de motricité", ajoute la spécialiste. Le patient est ainsi presque entièrement paralysé, mais dispose de ses capacités cognitives. Le plus souvent, ils peuvent communiquer grâce à leurs yeux, à l’instar du héros de l'ouvrage "Le Scaphandre et le Papillon".
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