"On peut créer la surprise": Cham décrypte les forces de l’Autriche, adversaire des Bleus à l’Euro 2024
Muhammed Cham, vous avez des origines sénégalaises et gambiennes. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous avez choisi la sélection autrichienne?
J'ai fait ce choix parce que j'ai joué pour l'Autriche en équipes de jeunes, pas beaucoup de matchs. Mais pour ma carrière, c'était la bonne décision de jouer pour une sélection européenne, même si j'avais des échanges avec les sélectionneurs du Sénégal et de la Gambie. J'ai eu de bonnes discussions avec eux. Mais la décision de jouer pour l'Autriche était très importante. Elle a été discutée avec ma famille. On a choisi tous ensemble et pensé que ce serait la meilleure décision. Les échanges avec le coach et le staff étaient positifs aussi. Cela a facilité la prise de décision pour moi.
Que représente l’Autriche pour vous?
L'Autriche représente beaucoup pour moi. Je n'y ai pas vécu beaucoup. J'y suis juste né. Je n'ai pas beaucoup de famille là-bas. Mais pour la sélection nationale, je me suis senti très bien accueilli, comme à la maison! J'ai eu de très bons échanges avec les joueurs. Donc c'est un ressenti très spécial.
C’était un rêve pour vous de jouer pour cette équipe quand vous étiez jeune?
Oui, bien sûr. Quand tu es enfant, tu veux représenter ton pays. Porter ce maillot est spécial. Il y a de grands joueurs, comme David Alaba ou Marcel Sabitzer. C'est un peu un rêve d'être avec ces joueurs-là.
Parlez-nous de votre première sélection avec l’Autriche, en septembre 2022. C’était une sorte de surprise pour vous?
Le coach (Ralf Rangnick) m'a appelé avant d'annoncer la sélection. Mais je ne savais pas que je serai sélectionné. Il m'a juste dit qu'il me regardait, qu'il aimait mon style de jeu car il avait peu de joueurs de mon profil. J'étais très heureux qu'il dise ça de moi. Mais il ne m'a pas prévenu que j'étais sélectionné. J'étais chez moi, tranquille. Comme d'habitude. Et mon téléphone a commencé à vibrer... Beaucoup de messages! Beaucoup d'Autrichiens ne me connaissaient pas, car je n'ai pas joué en Autriche lorsque j'étais jeune, je jouais en Allemagne. Quand j'ai été appelé, tout le monde se demandait qui j'étais.
C’était une surprise pour les fans?
Oui, car je n'ai pas beaucoup joué chez les jeunes, seulement 4 ou 5 matchs. J'ai grandi en Allemagne, je suis juste né en Autriche. Donc ce fut une surprise pour les supporteurs. Mais maintenant, ils me connaissent.
Quelle est la première chose que vous a dit Ralf Rangnick lors de votre première sélection?
Il m'a dit que mes coéquipiers allaient me rendre les choses faciles. Qu'il fallait que je sois moi-même, de ne pas en faire trop. La première fois, je me suis senti vraiment bien. Avec Kevin (Danso), ils m'ont tous rendu l'intégration facile.
C'était excitant pour vous de jouer avec des joueurs comme Danso ou Alaba?
Oui, c'était vraiment excitant. Je me souviens quand j'ai été sur le terrain avec Alaba et les autres.... Je les voyais à la télé... Et d'être avec eux, sur la pelouse, c'était incroyable! Ce sont des joueurs vraiment spéciaux. Notamment David (Alaba). Maintenant je sais pourquoi il a cette carrière. Il s'entraîne toujours, donne toujours 100%. C’est un joueur spécial.
Quel était votre état d’esprit lors de votre première sélection?
Le premier match, on a joué contre la France, je n'ai pas joué. Pour le 2e match, je me rappelle avoir fait de très bons entraînements. Les joueurs me disaient "tu vas jouer". J'étais un peu préparé. Mais ça a été rapide. Je me suis échauffé rapidement. Et je suis vite entré. J'ai fait mes débuts le jour de mon anniversaire! C'était très spécial. C'est l'un des meilleurs moments dans ma vie de footballeur.
Puis vous avez eu une deuxième sélection contre la Belgique…
Tout à fait. C'était pour les qualifications à l'Euro (en octobre 2023, NDLR). C'était plus difficile car je suis rentré à 0-3 ou 1-3. Le coach a fait entrer de jeunes joueurs. Il a dit "vous êtes des jeunes joueurs, n'ayez pas la pression". On a essayé de faire de notre mieux. Et au final, on a fait une bonne rentrée.
Pouvez-vous nous décrire les qualités de la sélection autrichienne?
Nous avons beaucoup de belles qualités. Nous avons de bons jeunes joueurs. La future génération de l'Autriche va être très bonne. Ce qui rend la sélection nationale spéciale, c’est que c’est une famille, c'est une sélection très soudée. Tout le monde s'entend bien. L'état d'esprit de l'équipe est fort, je n'ai jamais eu une équipe aussi soudée, pour être honnête.
À l’inverse, dans quel domaine la sélection autrichienne pourrait s’améliorer?
Je pense que dans n’importe quelle sélection ou n’importe quel club, il y a toujours des choses à améliorer. Mais pour être honnête, je n'ai pas grand chose à dire! De ce que j'ai vu, je suis très impressionné. Il faudrait que j'ai plus d'expérience pour trouver d'autres lacunes. Mais là je ne nous trouve pas beaucoup de problèmes (rire) .
Quelle est la philosophie de jeu du coach?
Ralf Rangnick a le style "Red Bull". Les deuxièmes ballons sont très importants. Presser haut. Récupérer le ballon le plus haut possible. C'est le style de l'Autriche. On a aussi des joueurs très athlétiques. Le Red bull style est très intense. Il faut toujours être à fond.
C’est physiquement difficile?
Pour moi, non, pas trop, car je peux courir longtemps. Mais parfois on a besoin de respiration (sourire).
Qui sont les joueurs les plus importants de l’équipe?
Il y en a beaucoup. Sabitzer est très important. Arnautovic aussi, avec Alaba. Ces trois sont très importants. On en a plus encore, bien sûr! Ils sont impressionnants à regarder jouer.
Que peut espérer l’Autriche à l’Euro?
Je pense qu'on peut être la bonne surprise de l'Euro. Contre l'Allemagne, nous avons fait un très bon match. Je pense que l'Autriche peut être une grosse surprise à l’Euro.
Vous pensez que rejoindre les 8es de finale est possible?
Oui, clairement. Je suis quelqu'un de confiant. En moi, en mon pays. Le football, c'est 11 contre 11 pendant 90 minutes Tout peut arriver! Si on est meilleurs, on peut gagner. Bien sûr la France est un grand pays, beaucoup de talents. Les Pays-Bas (autre adversaire dans le groupe D, NDLR) aussi. Mais nous avons de bons joueurs qui jouent en Allemagne, partout dans le monde. C'est un groupe difficile. Mais tout le monde a sa chance.
Quel est votre avis sur l’équipe de France?
C'est une équipe très forte, avec des joueurs de classe mondiale. Ça ne se discute pas. Mbappe peut changer le match à lui seul s'il est dans un grand jour. Il n'y a pas grand chose à dire. C'est une équipe de classe mondiale.
Vous pensez que la France est la grande favorite de cette compétition?
Je n'ai jamais de favori! Mon favori, c'est l'Autriche. Mais bien sûr qu'ils peuvent faire un grand tournoi.
À quels joueurs vous pensez en premier quand on évoque l’équipe de France? Vous avez déjà parlé de Mbappé…
J'aime beaucoup Dembélé. Coman aussi. Giroud est sous-estimé, je l'ai vu jouer quand on a joué contre eux. C'était la première fois. Il est impressionnant. Griezmann, bien sûr. Ils ont beaucoup de très bons joueurs.
C’est un rêve de jouer contre eux?
C'est pour cela que je fais du foot. Pour jouer des grands tournois, des grands matchs. Je dois m'entraîner beaucoup pour essayer de me montrer.
Vous pensez que l’Autriche peut battre la France ou lui poser quelques problèmes?
Bien sûr! On peut. On est une bonne équipe, on peut créer la surprise et surprendre n'importe qui. On l'a montré lors du match contre l'Allemagne (victoire 2-0, le 21/11/2023). Beaucoup de personnes pensaient qu'on allait perdre et on a fait un bon match. On peut causer des problèmes!
On suppose que faire partie de cette équipe est un réel objectif pour vous…
Ce serait un rêve de jouer ce tournoi, dans ce pays. Ce serait grand. Très grand.
Vous avez déjà coché la date du 17 juin prochain (l’entrée en lice de l’Autriche à l’Euro contre la France, NDLR)?
Pour l'instant je suis focus sur Clermont car on est dans une situation compliquée. Avant de penser à autre chose, je pense à ça. Ce serait bien sûr incroyable de jouer l'Euro en Allemagne. Mais je suis focus sur Clermont pour le moment. Jouer contre la France, comme je joue en Ligue 1, serait spécial. Mais pour l'instant je reste concentré sur Clermont.