« La Petite Sirène », un remake avec Halle Bailey bien plus moderne que le dessin animé

CINÉMA - Un vent de fraîcheur souffle sur Disney. Le remake en live action de La Petite Sirène, qui sort ce mercredi 24 mai en France, donne enfin une bonne raison de ressortir les vieilles cassettes du placard pour les dépoussiérer. Là où les autres (désormais nombreuses) adaptations en prise de vue réelles n’apportaient rien de plus que de jolies images, celle de La Petite Sirène vaut le détour.

Que les fans du Disney de 1989 soient rassurés : le film reste très fidèle à son modèle, les costumes, les scènes et les angles des caméras sont quasiment identiques à ceux du dessin animé. Mais des changements subtils modernisent l’histoire d’Ariel, jouée par la jeune actrice Halle Bailey dont la performance devrait faire définitivement taire la polémique raciste sur sa ressemblance avec une créature imaginaire.

Pour le réalisateur, Rob Marshall, il était essentiel de s’adapter à notre époque : « Je pense que quand les gens regardent un film aujourd’hui, ils ont besoin de pouvoir s’y identifier. On ne devait pas donner l’impression d’une œuvre archaïque », explique-t-il au HuffPost dans l’interview vidéo en tête d’article.

Pour cette Petite Sirène modernisée, il est allé creuser plus loin que le Disney sorti en 1989, jusqu’aux origines de l’histoire : « Le conte d’Hans Christian Andersen, qui date d’il y a près de 200 ans, raconte littéralement l’histoire d’une jeune fille qui ne se sent pas à sa place et qui se lance dans un voyage de découverte d’elle-même pour faire tomber les barrières et les murs qui la séparent de l’autre monde ».

C’est d’ailleurs par une citation du conte d’Andersen que s’ouvre le film : « … Mais les sirènes n’ont pas de larmes et n’en souffrent que davantage ». On est bien loin du conte de fées.

Une Ariel déterminée

Sous l’influence du réalisateur, du producteur John Lucas et de l’actrice Halle Bailey, Ariel sort de sa case de demoiselle en détresse. C’est une jeune femme déterminée à prendre son destin en mains, et profondément en colère contre les préjugés de son peuple sur celui des humains.

« À l’heure où notre monde est de plus en plus divisé, il est important de se rappeler que nous ne faisons qu’un et de ne pas avoir peur les uns des autres. Cela m’a semblé très moderne », estime Rob Marshall. Si elle tombe bien amoureuse du prince charmant, son envie de devenir humaine relève davantage d’un désir d’émancipation que du coup de foudre irrationnel.

La différence la plus notable n’arrive qu’à la fin, mais semble naturelle tant elle correspond à la personnalité d’Ariel montrée dans le film. Lors de la bataille finale contre Ursula — jouée par une Melissa McCarthy aussi terrifiante qu’exaltante — ce n’est pas Éric qui tue la sorcière et sauve Ariel, mais l’inverse.

Un changement logique pour Rob Marshall : « Ça semblait un peu trop démodé, pour être tout à fait honnête. Cela n’avait pas de sens qu’Eric la sauve. C’est elle qui doit se venger d’Ursula. C’est une femme qui voit les choses à sa façon, pas celle de quelqu’un d’autre », affirme-t-il avec conviction.

Un prince plus que charmant

L’adaptation apporte également de la profondeur au personnage du Prince Éric, qui en manquait cruellement. « Je pense que tout le monde serait d’accord pour dire que le personnage était un benêt dans le film original » , s’amuse le réalisateur. « Nous devions vraiment trouver un moyen de donner vie à son histoire ». Il offre une nouvelle chanson au personnage.

Le prince, joué par l’acteur britannique Jonah Hauer-King, a désormais un passé plus compliqué. Comme Ariel, il peine à trouver sa place et vit en désaccord avec ce que l’on attend de lui. Là où dans le dessin animé Éric ne pense qu’à trouver le grand amour, dans le live action il cherche l’aventure et veut explorer le monde pour faire progresser son royaume.

Grâce à ces deux personnages complexifiés, l’histoire d’amour devient plus crédible et dépasse les barrières du conte de fées. « Je voulais aussi qu’elle trouve son alter ego et que lui trouve son alter ego ». Ariel et Éric partagent la même vision du monde. « C’est très Roméo et Juliette. Ils n’ont pas peur de quelqu’un qui est différent d’eux. Et ils font tomber ces barrières pour être ensemble. »

Même sans pouvoir parler, la curiosité d’Ariel les rapproche. Leur alchimie est aussi palpable lorsqu’il lui montre ses cartes d’exploration que pendant la scène romantique de la barque et la chanson Embrasse Là (dont les paroles ont été changées pour inclure la notion de consentement).

Ancré dans le réel

Malgré l’existence d’un peuple sous-marin, d’animaux qui parlent et d’une sorcière pieuvre, cette version de La Petite Sirène est profondément ancrée dans le réel, et pas seulement grâce à ses personnages. Le château ne se trouve pas dans une contrée lointaine et ne ressemble pas à celui de Disneyland.

Le royaume du Prince Éric ressemble à une petite île des Caraïbes, avec sa culture de la pêche, son marché coloré et ses danses traditionnelles. L’accent jamaïcain du crabe Sébastien paraît alors plus justifié (nous n’avons pas entendu le doublage français, jugé raciste lors de la réédition du film en 1999) et le casting des humains offre une grande diversité.

Même Atlantica, le royaume du roi Triton et de ses sept filles, semble réaliste. Les équipes d’animation se sont inspirées de vraies espèces de poissons, d’algues et de coraux pour créer l’univers aquatique. Les images sous-marines donnent l’impression au spectateur de faire de la plongée, et nous rappellent par la même occasion la richesse des océans.

Javier Bardem en roi Triton, livre même un message sur l’importance de les protéger de « la plus dangereuse des espèces » : les hommes. « C’est un sujet qui me tient à cœur et à Javier Bardem aussi », précise Rob Marshall. « Je pense que nous prenons pour acquis la beauté des océans, mais nous ne nous rendons pas compte de ce qui se passe en dessous ». Avec son film, il nous plonge tout droit sous l’océan.

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