La peste noire a laissé sa marque dans nos gènes

“De nombreux Européens sont porteurs de mutations génétiques qui ont protégé leurs ancêtres de la peste bubonique”, rapporte le New York Times. Le quotidien américain se fait ainsi l’écho de l’étude publiée dans Nature le 19 octobre.

La pandémie de peste bubonique qui a sévi au milieu du XIVe siècle, connue sous le nom de “peste noire”, est l’événement le plus meurtrier de l’histoire de l’humanité. “Elle a anéanti entre un tiers et la moitié de la population de l’Europe, du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord”, rappelle The Globe and Mail. Avec pour conséquence d’“ébranler le génome humain”, résume le quotidien canadien.

Les chercheurs se sont en effet demandé si cet événement destructeur avait contribué à sélectionner, chez l’humain, des gènes protecteurs contre le bacille responsable de la peste bubonique. Pour y répondre, ils ont analysé l’ADN – prélevé sur des lieux de sépultures particulièrement bien préservés à Londres et au Danemark – de personnes décédées à cette époque, mais aussi avant et après.

Sélection, transmission

Ils ont identifié quatre gènes pour lesquels différentes versions (qu’on appelle “allèles”) conféraient soit une protection contre la maladie soit une susceptibilité. Ce sont donc majoritairement ceux qui portaient la version protectrice qui ont survécu et transmis leur patrimoine génétique à leurs descendants, qui ont à leur tour transmis cette version protectrice.

Seulement voilà, cette sélection s’accompagne d’une fâcheuse contrepartie, note le quotidien canadien : “L’un des gènes que l’équipe a découverts comme étant le plus fortement associé à la résistance à la peste est également impliqué dans diverses maladies auto-immunes, dont la maladie de Crohn.”

Ce qui fait dire à Hendrik Poinar, de l’université canadienne McMaster, l’un des chercheurs impliqués, cité par le Globe and Mail :

“Nous vivons toujours dans l’ombre de la peste noire.”

Dans le New York Times, il ajoute : “Ce sont les effets secondaires malheureux de la sélection à long terme pour la protection.”

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