Pernod Ricard confiant sur l'Afrique malgré les soubresauts

par Dominique Vidalon et Pascale Denis

PARIS (Reuters) - Pernod Ricard table sur une solide croissance de ses activités africaines sur le long terme, au-delà des soubresauts économiques ou politiques qui peuvent toucher certains pays d'Afrique sub-saharienne.

Le groupe français de vins et spiritueux, numéro deux mondial du secteur derrière Diageo, a fait du continent africain une de ses terres stratégiques de croissance et y a ouvert plusieurs filiales depuis 2012.

Comme pour son concurrent Diageo, Nestlé, Danone ou L'Oréal, l'Afrique offre un vaste potentiel pour les fabricants de produits de grande consommation, grâce à sa démographie, à son urbanisation croissante et au développement des classes moyennes.

Mais les remous politiques et la baisse des cours du brut ont touché la croissance économique de certains pays producteurs comme l'Angola et le Nigeria.

"L'Afrique présente des difficultés et des défis (...) Mais cela ne change rien au potentiel à long terme de la zone. Nous sommes très confiants", a déclaré à Reuters Christian Porta, PDG de Pernod Ricard pour les régions Europe-Afrique-Moyen Orient et Amérique latine.

Avec l'Afrique du Sud, où il s'est implanté en 1993, le groupe dispose aujourd'hui de sept filiales en Afrique sub-saharienne - Namibie, Kenya, Nigeria, Ghana, Angola, Mozambique - et y emploie plus de 500 personnes.

"Notre stratégie a porté ses fruits. Notre croissance annuelle a atteint en moyenne 15% entre 2012 et 2017 et notre ambition est de continuer à croître fortement dans la région", a indiqué le dirigeant.

Il s'est refusé à plus de précisions, indiquant que la croissance devrait rester tirée par le succès des alcools bruns - whiskies et cognac - qui demeurent les plus prisés et qui profitent à ses marques Jameson, Ballantine's ou Martell.

La région profite d'ailleurs d'un budget publicitaire supérieur à celui du groupe, qui a atteint 19% du chiffre d'affaires en 2016-2017.

Pernod Ricard a vu sa croissance en Afrique-Moyen Orient tomber à 1% au cours de son exercice décalé clos le 30 juin 2017, plombée par les effets de la baisse des prix du pétrole.

Mais avec la reprise des cours du brut, la tendance est repartie à la hausse au premier trimestre 2017-2018, avec une progression "à deux chiffres" largement portée par une base de comparaison très favorables.

L'Afrique compte pour moins de 4% du chiffre d'affaires du groupe, contre 13% pour le britannique Diageo, très présent depuis des décennies sur le continent grâce à ses marques de bière, un segment de marché dont Pernod Ricard est absent.

Pour l'heure, le français ne prévoit pas d'autres ouvertures de filiales en Afrique sub-saharienne.

(Edité par Mattheu Protard)