Percujam, le groupe de musique qui a conquis Julien Doré et fait changer le regard sur l’autisme

MUSIQUE - Ils font l’animation musicale des Rencontres du Papotin à la télé, ils ont été invités à jouer à l’Élysée devant Emmanuel Macron et sortent un morceau en featuring avec Julien Doré. Mais Percujam n’est pas un groupe de musique comme les autres. Il se compose d’adultes autistes et de leurs éducateurs. Leur slogan : « Artiste, autiste, une lettre d’écart, une note d’espoir ».

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Car à travers ce projet musical, le groupe fait changer le regard porté sur l’autisme. Le HuffPost a rencontré les membres Percujam avant la sortie de leur nouvel album, « Phénomènes ». Dans la Maison Perce-Neige à Antony, qui accueille des personnes avec des troubles du spectre autistique, un studio musical leur est dédié, comme on le voit dans le reportage vidéo ci-dessus.

Toutes les semaines, les huit résidents de l’alternat et leurs sept éducateurs répètent sans relâche et préparent leurs concerts. Selon le morceau, certains passent de chanteur à batteur, ou de guitariste à pianiste.

« Au départ, on a senti leur goût pour la musique, c’était d’ailleurs la condition pour rejoindre le groupe. Mais on ne laissait pas la place qu’à des résidents qui étaient performants et excellemment doués », nous a expliqué Laurent Milhem, chef de service éducatif.

Artiste, autiste, une lettre d’écart

Depuis sa création dans un Institut Médico-éducatif en 1999, Percujam est devenu un groupe semi-professionnel, qui assure plusieurs concerts chaque année et intervient dans Les Rencontres du Papotin sur France 2. À les écouter jouer, on ne se doute pas que la moitié du groupe vit dans Établissement d’accueil médicalisé.

« Comme tout le monde le dit, il n’y a pas d’autisme quand on est sur scène. Ceux qui ne nous connaissent pas disent “wow, ils font ça, respect”. Moi on me l’a dit », raconte en souriant Raphaël Sigogne, chanteur, batteur et bassiste, au HuffPost.

« Le premier album s’appelle C’est lesquels les autistes ? C’est la question qu’on me posait systématiquement quand je descendais de scène. C’est que le pari est réussi », se réjouit Laurent Milhem.

Une « rencontre de cœur » avec Julien Doré

Leur talent et leur bonne humeur contagieuse ont particulièrement touché Julien Doré lors de son invitation aux Rencontres du Papotin en novembre 2022. Depuis l’émission, le chanteur est resté en contact avec les membres du groupe. Il les a même invités à venir chanter sur scène à l’Accor Arena avec Eddy de Pretto.

Lorsque Percujam lui a proposé d’enregistrer ensemble Sur le fil, une chanson de leur prochain album, il n’a pas hésité. « Une rencontre improbable a changé mon regard. Bien plus qu’une rencontre, c’est une union sacrée, une sacrée rencontre », chantonne-t-il dans le teaser de l’album.

« On a eu la chance de rencontrer beaucoup d’artistes mais le feeling qu’on a eu avec Julien Doré est un feeling très particulier, qui nous a tous énormément touchés », confirme Laurent Milhem, « c’était une rencontre de cœur, une rencontre magique ».

Dépasser leurs limites

Pour les artistes autistes, ce projet leur permet de faire de belles rencontres mais aussi, et surtout, de progresser en autonomie et face à certaines difficultés. « Socialement, ils ont gagné énormément de choses », explique Laurent Milhem, évoquant le rapport à l’autre compliqué et la difficulté à fixer son regard. « Ils ont tellement envie d’être sur scène qu’ils sont capables de faire des efforts sur leur comportement », ajoute-t-il.

Pour Raphaël Sigogne, son talent trouvé pour la batterie lui a par exemple appris à « se lâcher, s’amuser » et à dépasser certains blocages. Mais les déplacements, les horaires changeants lors des concerts et le manque de routine propre au monde de la musique sont des difficultés supplémentaires pour les résidents. « Pour 1h30 de plaisir sur scène, il y a énormément de travail et de rythme discontinu, et pour un autiste, ce n’est pas facile », tient à rappeler le chef de service éducatif.

Face à ces contraintes, le retour positif du public est leur meilleur moteur. Chanson par chanson, le regard porté sur l’autisme change. À la batterie, au chant ou en interview, Raphaël Sigogne fait passer le même message d’espoir : « L’autisme, ce n’est pas qu’un handicap, ça peut aussi être une qualité ».

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