"Je pense que les larmes vont couler": Tolisso déterminé à offrir la Coupe aux Lyonnais après une saison irréelle
Les données comptables ne disent pas tout, mais un peu quand même. Ainsi, la finale de la Coupe de France mettra aux prises le PSG, champion d’automne et de France, et l'OL, champion de l’hiver et du printemps, meilleure équipe de la deuxième partie de saison. Seul un point sépare les deux équipes de janvier à mai 2024: 37 pour l’OL, 36 pour le PSG.
Il n’y a donc (presque) pas photo: l’OL a le vent dans le dos au coup d’envoi du match. Une esquisse d’emballement médiatique, que Corentin Tolisso tient d’emblée à stopper.
"Non, cette dynamique ne fait pas de nous le favori, Paris est largement favori", résume le champion du monde 2018.
"Après, on n'y va pas en claquette là-bas, on veut vraiment gagner. Nous sommes des outsiders mais des outsiders qui ont faim et vont tout faire pour gagner". On appelle cela une bande-annonce classique en mode "poncifs du foot". Mais à l'heure de donner son avis, le cœur du milieu de terrain de l’OL n'est jamais bien loin. Car le cœur, "Coco" en met depuis son acte II dans "son" club en juin 2022, suivant la feuille de route des recruteurs de l’époque autour de Bruno Cheyrou qui entendent revenir à la source, à l’ADN OL.
Une période marquée par la fin de la véritable présidence de Jean-Michel Aulas et qui a vu l’OL prolonge Maxence Caqueret, Anthony Lopes et faire revenir Alexandre Lacazette. Et donc Corentin Tolisso, en fin de contrat au Bayern Munich mais pas débarrassé de ses blessures à répétition qui lui ont gâché sa carrière bavaroise. Et son début de deuxième vie dans son club formateur.
Pierre Sage, le sauveur
Et quand l’OL 2022-2023 patauge en changeant d’entraîneur – Laurent Blanc remplace Peter Bosz – pour terminer 7e et sans Europe au bout de la saison, il pense que le millésime suivant aura un meilleur goût: patatra, les places de derniers s’enchaînent (11 sur les 16 premières journées), les entraîneurs valsent, emportant un moral vacillant.
"Quand on perd à Reims, puis à Brest, puis il y a le nul face à Lorient, égrène-t-il. J’en avais gros sur le cœur."
La dépression sportive le guette, lui le local, porteur des valeurs de l’Académie mais pas forcément dans les papiers de la nouvelle politique sportive incarnée par John Textor d’abord, puis par les recruteurs que l’homme d’affaires américain nomme ensuite autour du directeur sportif, David Friio.
Mais tant que ses jambes peuvent porter son irrésistible envie de mener ses troupes, il s’accroche... Et Pierre Sage, patron de l’Académie depuis six mois, mais grand connaisseur de l’ADN lyonnais arrive.
"Il nous a apporté, beaucoup, beaucoup, vraiment beaucoup", insiste-t-il.
"Il a un discours posé, propre. Il trouve le bon mot à chaque fois. Il a amené de la cohérence, de la stabilité, un certain fond de jeu et des principes car avant lui, notre bloc n’était pas compact. Et ce caractère aussi. Nous savons revenir dans les matches, nous imposer dans la difficulté." Et renverser des montagnes comme ces buts à la 90'+16 face à Brest, 90'+2 à Lille ou ce pénalty à 90'+6 face à Strasbourg.
Il faut garder tout cela, ce samedi à Lille face au PSG, en se souvenant des mauvaises choses de l’automne, avant l’embellie de l’hiver et du printemps 2024. "Il était difficile de se promener à Lyon et de profiter de ma ville, se souvient-il. Mais c’était quand même bizarre avec les supporteurs, cette atmosphère bienveillante malgré notre situation catastrophique. Quand j’étais à l’OL avant d’aller au Bayern, nous étions 3e, 4e ou 5e du classement et nous avions des banderoles. Et là, même quand nous étions au plus bas, ils étaient présents! Ils le savaient, cela n’allait pas arranger les choses s’ils nous sifflaient. Ils ne nous ont jamais abandonnés. Nous étions tout en bas, tous ensemble ; nous avons fini sixièmes tous ensemble. Nous voulons ramener la Coupe pour eux et pour nous tous."
Une soif de titre inassouvie depuis 2012
Ce "peuple lyonnais" pour lequel il veut encore se battre, dans cette finale. "Eux, c’est l’âme du club. Au début des années 2000, chaque saison, il y avait un titre, et là, depuis 12 ans, ils sont patients, il n’y a plus rien…" Et qui disait titre, disait présentation du trophée au balcon de l’Hôtel de ville, sur la place des Terreaux ou envahissement du terrain quand le match décisif s’y déroulait. Flash-back et retour en enfance: "Cette euphorie, ça nourrit énormément, explique-t-il. Avec mon papa, j'avais envahi le terrain lors du premier titre contre Lens en 2002 en tant que supporteur. Et dimanche dernier, j’étais sur la pelouse en tant que joueur professionnel. Alors, oui, nous ne fêtions qu’une 6e place, mais cela m’a ravivé ces souvenirs de gamin. D’en parler, cela me met un peu des frissons. Et si je me retrouve à l'Hôtel de ville dimanche, je pense que les larmes vont couler, parce que je vais repenser au petit Coco Tolisso, qui avait 10 ans, 11 ans et qui était au cœur des supporteurs et voyait cela de loin. Je pense qu’il y aura beaucoup de de fierté et d'émotion de ma part."
Car il paraderait alors là-haut, sur le balcon de la mairie, en tant qu’acteur majeur d’un titre qu’il veut décrocher, lui le Lyonnais de cœur et de formation, pour ces supporteurs exemplaires même (et surtout) quand Lyon traine en fond de classement en 2023. "Nous ressentons cette attente après cette saison chaotique, dit-il. C’est positif. Cela peut nous apporter de l’énergie et de la force. Comme je l'ai dit avant la demi-finale contre Valenciennes, nous devons à nos supporteurs d'aller en finale de de Coupe de France. Maintenant, nous leur devons de la gagner."
Et ainsi de mettre fin à une sacrée disette. "Ça fait un moment que l’OL n'a pas gagné de trophée, rappelle le milieu lyonnais, donc leur apporter ce trophée après cette saison qui finit très bien en championnat, ce serait vraiment l’apothéose. Et ça serait vraiment une saison plus qu'exceptionnelle, si nous arrivions à le faire."
La "saisontada" lyonnaise
Avec ou sans Kylian Mbappé en face? "Je veux battre le PSG, tout simplement, assène-t-il. Peu importe qu'il soit sur le terrain ou pas. Est-ce que cela change la donne? Difficile de répondre à cette question: nous avons perdu 4-1 sans que Mbappé joue en avril ; et même score à l’aller, 1-4 avec Mbappé. Qu’il joue ou pas, ce n'est pas mon souci: le mien, c'est que l’Olympique Lyonnais gagne, que nous soyons bons, que nous rendions fiers nos supporteurs et que nous soyons la fierté du club.
Avec l’Europe et la phase de Ligue déjà en poche, Corentin Tolisso et les Lyonnais n’ont donc désormais qu’un trophée à aller chercher sans la pression de cette présence continentale désertée depuis le 14 avril 2022 et un match perdu face à West Ham (0-3).
"Nous avons tout à gagner, les supporters sont déjà fiers, avance-t-il. Nous devons être animés par cet objectif de ramener quelque chose au club".
Un objectif totalement impensable il y a quelques semaines encore, et qui ferait de ce millésime 2024 déjà historique (avec une place européenne décrochée à l’ultime seconde dimanche dernier) une saison à émotions inoubliables et insensées.