Pendant le ramadan, les matchs en France ne doivent pas être interrompus rappelle la FFF

Contrairement au foot anglais, la France via sa fédération a affiché son désaccord au sujet de la rupture du jeûne des joueurs musulmans en période de ramadan.
Contrairement au foot anglais, la France via sa fédération a affiché son désaccord au sujet de la rupture du jeûne des joueurs musulmans en période de ramadan.

FOOTBALL - La France ne suit pas l’évolution d’ores et déjà annoncée outre-Manche. La Fédération française de football s’est montrée ferme au sujet de la question du ramadan durant les rencontres disputées en soirée.

Ce vendredi 31 mars, un mail de la « 3F » a été rendu public au sujet des interruptions de matchs en période de ramadan pour permettre aux joueurs de confession musulmane de rompre leur jeûne, après le coucher du soleil.

Envoyé jeudi aux arbitres français et signé par Éric Borghini, patron de la Commission fédérale des arbitres et membre du comité exécutif de l’instance du foot français, ce mail tient à rappeler les règles en vigueur en France, notamment pour le foot amateur.

Un principe de laïcité

« Il a été porté à la connaissance de la Fédération des interruptions de matchs suite à la rupture du jeûne du ramadan. Ces interruptions ne respectent pas les dispositions des statuts de la FFF », indique ce mail, accessible sur les réseaux sociaux. En clair, cette démarche va à l’encontre du « principe de neutralité du football sur les lieux de pratique » de ce sport.

Au Parisien, Éric Borghini, auteur de cette lettre, se montre encore plus explicite ce vendredi : « Il nous a été remonté qu’un certain nombre de rencontres de niveau amateur ont été arrêtées pour permettre aux joueurs pratiquant le jeûne de s’hydrater, sans que le règlement ne le permette. L’idée est qu’il y a un temps pour tout. Un temps pour faire du sport, un temps pour pratiquer sa religion ».

La FFF « et ses organes déconcentrés, en tant qu’organes chargés d’une mission de service public déléguée par l’État, défendent les valeurs fondamentales de la République française et doivent mettre en œuvre les moyens permettant d’empêcher toute discrimination ou atteinte à la dignité d’une personne en raison notamment (...) de ses convictions politiques et religieuses », précisait déjà le mail.

Un principe de neutralité inscrit dans les statuts de la FFF et censé s’imposer à tous, qu’il s’agisse des instances, clubs, licenciés et arbitres. Au risque de sanctions, comme le précise encore la fédération : « Toute personne contrevenant à ces dispositions fera l’objet de poursuites disciplinaires et/ou pénales ».

« La lettre que j’ai adressée aux arbitres prolonge celle du président par intérim de la FFF », envoyée il y a une quinzaine de jours par le successeur de Noël Le Graët, Philippe Diallo, détaille au Parisien Éric Borghini ce vendredi. Dans ce précédent courrier, le président par intérim de la FFF demandait une attention particulière pour que soit scrupuleusement respecté « le principe de laïcité dans le football ».

Lucas Digne s’indigne

Relayé dès jeudi soir par Mehdi Bahria, arbitre amateur dans l’Essonne, le mail suscite depuis des réactions diverses au moment où l’Angleterre vient d’autoriser un dispositif permettant aux joueurs pratiquant le ramadan de convenir avant la rencontre d’un moment de pause pour rompre le jeûne lors des matchs joués en fin de journée ou en soirée.

Sur TikTok, l’arbitre rattaché à la Ligue de Paris Île-de-France se montre même critique sur ce mail. « On ne fait pas de débat religieux sur la pelouse. On interrompt trente secondes la rencontre, juste le temps de boire un peu d’eau et de manger très rapidement. Et ça ne dérange personne », a-t-il confié au Parisien.

@mehdii_dz7

Meme si on ma dit de pas dire je vois pas pourquoi vous ne devrez pas etre au courant surtout les joueur pays***#mehdii_dz7 #ramadan #football #islam

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« Peut-être sera-t-il révoqué (l’article 1 des statuts de la FFF ), peut-être ne le sera-t-il pas, toujours est-il que pour l’instant il s’applique », réagit pour l’heure Éric Borghini.

Bien qu’il joue en Angleterre depuis de nombreuses saisons, l’international français Lucas Digne s’est indigné de ce mail et de la décision de la FFF dans un tweet ce vendredi. Commentant un post sur ce mail, il a simplement écrit : « 2023 », avec des émojis pour montrer en embarras.

Même chose, ou presque, pour l’ancien joueur Didier Digard, aujourd’hui entraîneur de l’OGN Nice en Ligue 1. « Il faut avouer les choses, ils sont plus ouverts que nous sur le sujet et ça a toujours été (le cas). Maintenant, ce serait bien que la France le fasse », a-t-il avancé en conférence de presse, tout en évoquant un sujet « toujours compliqué » et « délicat » dans un pays laïc.

Le coach des Aiglons a toutefois ajouté une phrase permettant d’expliquer pourquoi les clubs professionnels, et notamment le sien, ne se sont pas positionnés sur ce sujet. « Cette année, les horaires n’empiètent pas sur les matchs (de Nice). On a regardé le calendrier, ce seront des matchs à 21h donc le jeûne sera déjà rompu ».

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