Pelosi, dilemme des démocrates après leur victoire à la Chambre

La majorité obtenue mardi par les démocrates à la Chambre des représentants du Congrès des Etats-Unis lors des élections de mi-mandat signifie qu'ils vont devoir en désigner le nouveau président et résoudre pour cela le casse-tête constitué par Nancy Pelosi (au centre). /Photo prise le 6 novembre 2018/REUTERS/Jonathan Ernst

WASHINGTON (Reuters) - La majorité obtenue mardi par les démocrates à la Chambre des représentants du Congrès des Etats-Unis lors des élections de mi-mandat signifie qu'ils vont devoir en désigner le nouveau président et résoudre pour cela le casse-tête constitué par Nancy Pelosi.

L'actuelle présidente du groupe démocrate à la Chambre, qui est âgée de 78 ans, va jouer un rôle déterminant au cours des prochaines semaines et ne cache pas son intention de retrouver la place qu'elle a déjà occupée de 2007 à 2011, devenant la première femme élue à ce poste.

Cible favorite des républicains au Congrès, Nancy Pelosi ne fait pas l'unanimité dans son propre camp puisqu'une soixantaine de candidats démocrates ont ouvertement appelé à un changement de direction pendant la campagne des "midterms".

Sur Twitter, Donald Trump a estimé mercredi que Nancy Pelosi méritait le poste.

"En toute équité, Nancy Pelosi mérite d'être choisie comme présidente de la Chambre par les démocrates", écrit-il. "S'ils lui font des problèmes, peut-être lui donnerons-nous quelques voix républicaines. Elle a mérité ce grand honneur", ajoute le président américain, qui avait téléphoné mardi soir à Pelosi pour la féliciter de la victoire démocrate à la Chambre.

"Nous apprécions l'enthousiasme du président pour la majorité démocrate à la Chambre", a tweeté à son tour le porte-parole de Nancy Pelosi, Drew Hammill.

Pour le Parti démocrate, il va falloir trancher et faire de ce poste - le deuxième dans l'ordre de succession en cas de vacance du pouvoir après celui de vice-président des Etats-Unis - un tremplin plutôt qu'un boulet en vue de l'élection présidentielle de 2020.

Le futur président de la Chambre des représentants sera sous le feu des projecteurs au cours des deux prochaines années qui devraient voir les élus démocrates multiplier les enquêtes et les procédures visant Donald Trump.

LES DÉMOCRATES EN QUÊTE DE "SANG NEUF"

Et la stratégie qu'adopteront les démocrates, entre mise à nu de possibles conflits d'intérêt de l'ancien magnat de l'immobilier ou d'éventuelles obstructions à la justice dans l'enquête sur les ingérences russes dans la présidentielle de 2016, et tentation "d'en faire trop", en multipliant les obstructions parlementaires ou en lançant une procédure d'"impeachment", sera scrutée de près.

Félicitée par le président républicain après la victoire de son parti, Nancy Pelosi a assuré dès mardi soir que la Chambre "oeuvrerait à trouver des solutions qui nous rassemblent parce que nous en avons tous assez des divisions".

Celle qui dirige les représentants démocrates depuis 16 ans était flanquée pour l'occasion des numéros deux et trois démocrates à la Chambre, Steny Hoyer et James Clyburn, un triumvirat qui pourrait aspirer à rester en fonction lorsque le nouveau Congrès commencera à siéger en janvier prochain.

Nancy Pelosi devra auparavant convaincre son propre parti qu'elle est la plus apte à mener le combat contre Donald Trump et les républicains, lors d'un vote interne à huis clos qui se tiendra le 28 novembre.

Il y a deux ans, elle avait obtenu 134 voix contre 63 au représentant de l'Ohio Tim Ryan. Celui-ci a laissé entendre mardi soir qu'il pourrait de nouveau tenter sa chance.

"Ça ne va pas être un couronnement (pour Pelosi). Quelqu'un d'autre revendiquera la présidence. Les Américains veulent du changement. Je crois que les démocrates veulent du changement. Nous allons donc avoir une discussion à ce sujet dès mercredi... et je veux participer à cette discussion", a-t-il dit sur Fox News.

Âgés respectivement de 78 et 79 ans, James Clyburn et Steny Hoyer n'incarnent pas plus que Nancy Pelosi le "sang neuf" dont le Parti démocrate a besoin, notamment pour mobiliser les jeunes dont les votes ont tant fait défaut à Hillary Clinton en 2016.

Aucun candidat de la nouvelle génération ne semble cependant s'imposer, même si certains noms circulent comme ceux de Cedric Richmond, 45 ans, élu de Louisiane et président du groupe parlementaire noir au Congrès, ou Ben Ray Lujan, 46 ans, élu du Nouveau-Mexique et président de la commission de campagne du Parti démocrate.

(Susan Cornwell avec Richard Cowan et David Morgan; Tangi Salaün et Guy Kerivel pour le service français)