«Peggy Guggenheim», un portrait par la bande

Des enregistrements d’interviews retrouvés de la collectionneuse américaine rythment ce documentaire qui retrace le parcours hors norme de cette défricheuse mondaine du monde de l’art.

Il y a un petit scoop dans Peggy Guggenheim, la collectionneuse, le documentaire consacré par Lisa Immordino Vreeland à l’excentrique Américaine, découvreuse de Jackson Pollock et de Robert Motherwell. La réalisatrice, coup de bol, a retrouvé des enregistrements perdus d’interviews effectuées en 1978-1979 par sa biographe autorisée, Jacqueline Weld, qui servirent à l’écriture de Peggy : The Wayward Guggenheim. Le livre fut éviscéré par le New York Times à sa sortie pour son penchant gossip (trop d’histoires de cul, pas assez de mise en perspective du rôle que l’Américaine joua dans l’histoire de l’art du XXe siècle).

Bohème à Paris. Mais si la limite de ces bandes est en effet son name dropping parfois anecdotique (Kiki de Montparnasse était «fantastic» ; Ezra Pound, «j’ai joué au tennis avec lui», etc.) il demeure émouvant que ce soit cette voix saccadée qui serve de fil rouge au film, avec son timbre chuintant hors du temps (Peggy est née en 1898) et ses accents patriciens forgés dans une école privée de l’Upper West Side. On entend sa gourmandise à raconter son aventure avec Samuel Beckett, sa foi inébranlable dans les pouvoirs de l’art, sa légèreté feinte à l’évocation de sa fille, Pegeen, suicidée à l’âge de 42 ans : «Nous étions comme des amantes.» Il est d’autant plus crucial de l’entendre, elle, qu’un nombre important d’intervenants prennent sur eux de la raconter, parfois de manière irritante, ou légèrement condescendante, le docu mêlant images d’archives et interviews face caméra d’interlocuteurs plus ou moins avisés : les galeristes Arne Glimcher, Jeffrey Deitch et Larry Gagosian, l’écrivain Edmund White, l’artiste Marina Abramovic…

Divisé en six chapitres, le film couvre l’essentiel d’un parcours hors norme, fascinant mélange d’énergie, de nez, d’appétits et d’insécurités (...)

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