Pays-Bas : vainqueur des législatives, l’extrême droite appelle les autres partis à s’allier avec elle

Si elle est confirmée par les résultats définitifs, la victoire de Geert Wilders marque un brusque virage à droite. Le PVV a promis notamment un référendum sur l’adhésion des Pays-Bas à l’Union européenne.

Le parti néerlandais d’extrême droite islamophobe de Geert Wilders a remporté les élections législatives ce mercredi 22 novembre, suggèrent les sondages à la sortie des urnes, dans un séisme politique qui sera ressenti bien au-delà des frontières des Pays-Bas.

Le PVV (Parti de la Liberté) a remporté 35 sièges et une victoire électorale confortable, selon l’institut Ipsos. L’alliance gauche-écologistes de Frans Timmermans est deuxième avec 26 sièges. Le VVD de centre-droit a remporté 23 sièges, selon ce sondage.

Geert Wilders a appelé les autres partis néerlandais à travailler ensemble pour former une coalition, soulignant que son parti « ne peut plus être ignoré ».

Appréhension à Bruxelles

« Les Néerlandais espèrent que le peuple pourra récupérer leur pays et que nous veillerons à ce que le tsunami des demandeurs d’asile et de l’immigration soit réduit », a déclaré Geert Wilders à ses partisans enthousiastes à La Haye.

Si elle est confirmée par les résultats définitifs, la victoire de Geert Wilders marque un brusque virage à droite qui sera accueilli avec appréhension à Bruxelles : le PVV a promis notamment un référendum sur l’adhésion des Pays-Bas à l’Union européenne.

« Ce n’est peut-être pas ce que recherchent d’autres partis en Europe ou dans d’autres pays, mais bon, c’est ça la démocratie, » a déclaré Geert Wilders, 60 ans, après avoir voté. Son message anti-immigration, comprenant la fermeture des frontières et l’expulsion des immigrés illégaux, semble avoir trouvé un écho auprès des électeurs néerlandais.

Une coalition pas gagnée d’avance

Mais si Geert Wilders semble avoir triomphé dans les urnes, il n’est pas sûr qu’il parvienne à former une coalition de gouvernement.

Avant les élections, les dirigeants des trois autres grands partis ont assuré qu’ils ne participeraient pas à une coalition dirigée par le PVV.

Mais à la sortie des urnes, le populaire et populiste Pieter Omtzigt s’est dit « disponible » pour diriger les Pays-Bas tout en concédant que le processus ne serait « pas facile » et sans préciser s’il voyait Geert Wilders en chef de gouvernement.

Son parti Nouveau Contrat Social (NSC), créé l’été dernier, aurait remporté 20 sièges.

Une croisade contre une « invasion islamique » de l’Occident

Geert Wilders et sa coiffure peroxydée sont depuis des décennies dans le paysage politique néerlandais. N’hésitant pas à traiter les Marocains de « racailles » ni à proposer des concours de caricatures du prophète Mahomet, Geert Wilders a bâti sa carrière en faisant croisade contre ce qu’il nomme une « invasion islamique » de l’Occident.

Ni les démêlés avec la justice néerlandaise - qui l’a reconnu coupable d’insultes à des Marocains - ni les menaces de mort à son encontre - qui le font vivre sous protection policière depuis 2004 - ne l’ont découragé.

Plus récemment, Geert Wilders a tenté de calmer sa rhétorique populiste et de se concentrant sur d’autres préoccupations des électeurs.

Premier ministre pour « tout le monde aux Pays-Bas »

Il y a « des problèmes plus importants que la lutte contre le flot de demandeurs d’asile et d’immigrants », a-t-il déclaré lors de l’un des derniers débats électoraux, ajoutant qu’il était prêt à mettre de côté ses opinions sur l’islam pour gouverner.

Si l’immigration est restée un sujet clé de la compagne, les Néerlandais s’inquiètent encore plus de « savoir s’il leur reste encore plus d’argent dans leur portefeuille », a-t-il martelé.

Il a promis se concentrer davantage sur « la sécurité et les soins de santé » que sur son opposition à l’islam. Il a assuré devant des journalistes à La Haye après avoir voté qu’il serait Premier ministre pour « tout le monde aux Pays-Bas, quelles que soient leur religion, leur origine, leur sexe ou autre ».

« Les Pays-Bas ne sont pas un pays islamique »

Mais le manifeste du PVV a conservé le ton xénophobe qui est sa marque de fabrique. « Les demandeurs d’asile se régalent de délicieux buffets gratuits à bord des bateaux de croisière tandis que les familles néerlandaises doivent réduire leurs achats », peut-on lire dans le document.

Les mesures anti-immigration proposées comprennent le rétablissement du contrôle aux frontières néerlandaises, la détention et l’expulsion des immigrants illégaux, le renvoi des demandeurs d’asile syriens et la réintroduction des permis de travail pour les travailleurs intra-UE.

Quant à l’islam, le manifeste du PVV dit : « les Pays-Bas ne sont pas un pays islamique. Pas d’écoles, de Corans et de mosquées islamiques ». Il propose d’interdire le port du foulard dans les bâtiments gouvernementaux.

Perspective d’un « Nexit »

En matière de politique étrangère, il défend une approche « les Pays-Bas d’abord » qui comprend la fermeture de sa représentation à Ramallah et le renforcement des liens avec Israël, notamment le déplacement de son ambassade à Jérusalem.

Un « référendum contraignant » sur un « Nexit » - la sortie des Pays-Bas de l’UE - figure également dans le programme, ainsi qu’un « arrêt immédiat » de l’aide au développement.

Geert Wilders participait à sa sixième élection, après avoir failli à provoquer la surprise à plusieurs reprises.

« Quand j’ai quitté mon ancien parti (le VVD) (...) j’ai dit qu’un jour nous deviendrons le plus grand parti », avait lancé Geert Wilders aux journalistes en votant.

Le Premier ministre nationaliste hongrois Viktor Orban a salué sur X (anciennement Twitter) « les vents du changement » après la victoire annoncée de Wilders.

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