Les Pays-Bas restituent des centaines d’objets saisis par les colons en Indonésie

Cela fait plus de deux siècles que Ganesh attend dans le musée d’ethnologie de Leyde de pouvoir rentrer en Indonésie. Cette statue représentant la divinité hindoue à tête d’éléphant assise en lotus sur un trône de crânes a été sculptée dans un bloc d’andésite colossal. En 1802, elle a été dérobée par les colons hollandais dans un temple du royaume de Singasari, sur l’île volcanique de Java. “La signature de son rapatriement aux côtés de 471 autres objets antiques ou historiques a eu lieu le lundi 10 juillet”, annonce Koran Tempo.

Cet accord de restitution est le fruit d’un long dialogue entre l’équipe chargée du rapatriement au ministère de la Culture indonésien et le Comité hollandais pour le retour des objets culturels coloniaux. Ce dernier est présidé par Lilian Gonçalves-Ho Kang Yo, une militante néerlandaise des droits humains originaire du Suriname.

Bonnie Triyana, secrétaire de l’équipe de rapatriement, explique au quotidien que les Pays-Bas ont accepté deux motifs pour la restitution des objets : “Premièrement, ceux saisis dans un contexte d’injustice historique, ou par la force ou le pillage. Deuxièmement, s’ils sont considérés comme importants pour leur pays d’origine.”

Les historiens estiment que des centaines de milliers d’objets appartenant à l’Indonésie sont conservées aux Pays-Bas. Mais depuis sa formation en 2021, l’équipe de rapatriement a convenu que Jakarta ne pourrait exiger la restitution de ces biens sans un examen préalable du contexte dans lequel ils ont été emportés.

Koran Tempo rappelle que “le rapatriement d’objets historiques est devenu un phénomène mondial depuis que le président Emmanuel Macron a [procédé] , en 2021, à la [première] restitution de pièces de musées provenant des anciennes colonies françaises d’Afrique”. Vingt-six œuvres d’art béninoises avaient été rendues à la république du Bénin, quatre ans après l’appel au retour du patrimoine africain, formulé par le chef de l’État lors d’une conférence au Burkina Faso.

Hilmar Farid, directeur des affaires culturels indonésiennes, suggère que ce retour des objets spoliés aux nations africaines s’est fait dans une relative précipitation. “La France ne s’est pas inquiétée de l’état de préparation du pays d’origine.” Il précise que l’Indonésie a tiré des leçons de cette expérience franco-africaine en acceptant que le rapatriement de son patrimoine nécessite un long processus et en optant pour un mécanisme de partage d’informations et de savoir-faire, ainsi que des échanges de collections intermusées avec les Pays-Bas.

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