Pays-Bas: le géniteur de plus de 550 enfants interdit de donner son sperme

L'homme de 41 ans risque désormais de devoir payer 100.000 euros à chaque fois qu'il enfreindra l'interdiction, a décidé un tribunal néerlandais ce vendredi.

Un tribunal néerlandais a interdit vendredi à un "donneur en masse", géniteur d'au moins 550 enfants, de donner son sperme à de futurs parents, dans un nouveau scandale lié à des questions de fertilité qui choque les Pays-Bas.

L'homme, identifié par les médias locaux comme Jonathan M., 41 ans, risque de devoir payer 100.000 euros chaque fois qu'il enfreindra l'interdiction.

Une mère et la fondation Donorkind ("Enfant de Donneur") avaient engagé une procédure en référé contre lui le mois dernier, constatant qu'il continuait de chercher de futurs parents sur les réseaux sociaux.

Le tribunal de La Haye a estimé qu'il était "suffisamment plausible" que l'agrandissement de l'énorme réseau de parenté ait des conséquences psychosociales négatives sur les enfants, évoquant des problèmes psychologiques autour de l'identité et des craintes d'inceste.

Néanmoins, Jonathan M. peut toujours faire un don aux parents qui ont déjà un enfant de lui et qui en veulent un autre, selon les médias locaux.

Les Pays-Bas ont déjà été touchés par des scandales liés à des questions de fertilité. En 2020, un gynécologue a été accusé, après sa mort, d'avoir engendré au moins 17 enfants avec des femmes pensant qu'elles recevaient du sperme de donneurs anonymes.

Consanguinité

Identifiée uniquement comme "Eva", la mère plaignante s'est dite reconnaissante envers le tribunal d'empêcher l'homme de "faire des dons en masse, qui se sont propagés comme une traînée de poudre à d'autres pays".

"Je demande au donneur de respecter nos intérêts et d'accepter le verdict", a-t-elle déclaré, citée dans un communiqué.

Selon Donorkind, Eva a trouvé l'homme en 2018 via une plateforme de rencontres, sur laquelle il promettait d'engendrer un maximum de 25 enfants, conformément aux directives des cliniques néerlandaises pour éviter la consanguinité, l'inceste et les problèmes psychologiques des enfants de donneurs.

L'homme avait en réalité engendré 100 enfants rien que dans les cliniques néerlandaises à l'époque, plus un nombre inconnu dans la sphère privée et via une clinique danoise qui a envoyé sa semence à des adresses privées dans divers pays, a lu l'AFP dans le jugement.

Jonathan M. a pu avoir beaucoup plus d'enfants que les 25 autorisés car les règles sont faciles à contourner, observe la télévision publique néerlandaise NOS.

Les cliniques de fertilité aux Pays-Bas ne partagent pas de données et l'on ignore tout sur les accords privés entre mères et donneurs, tout comme le nombre d'enfants conçus par des donneurs à l'étranger, explique le média.

"Mal informé"

"Si vous laissez naître un réseau de parenté aussi énorme avec 550 à 600 personnes qui ont des demi-frères et des demi-soeurs partout, alors vous agissez à tort", a déclaré auprès de l'AFP Gert-Mark Smelt, porte-parole du tribunal.

Le juge a donc interdit à l'homme de "faire don de son sperme à de nouveaux futurs parents", estimant qu'il était dans l'intérêt des enfants du géniteur que le réseau ne s'étende pas davantage.

Le donneur doit également demander à toutes les banques de sperme où sa semence était stockée de la détruire. Il lui est par ailleurs interdit de communiquer avec des nouveaux futurs parents sur sa volonté de leur donner du sperme.

"Le donneur a délibérément mal informé les futurs parents sur le nombre d'enfants qu'il avait déjà engendrés dans le passé", a estimé le tribunal.

"C'est la première fois qu'un juge se prononce sur une telle affaire et il est encourageant de voir ce comportement immédiatement traité", a déclaré Mark de Hek, l'un des avocats impliqués.

Selon la NOS, Jonathan M. envisage de faire appel du jugement.

"Je regrette d'avoir été malhonnête", a-t-il écrit à la NOS. "Cependant, une telle restriction de la liberté physique et de contact, telle qu'énoncée par le tribunal, ne me semble pas avoir sa place dans une société libre comme les Pays-Bas", a-t-il ajouté.

Article original publié sur BFMTV.com

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