Le grand historien Paul Veyne est mort

Paul Veyne était professeur honoraire au Collège de France, où il avait occupé la chaire d’Histoire de Rome.  - Credit:Denis ALLARD/REA
Paul Veyne était professeur honoraire au Collège de France, où il avait occupé la chaire d’Histoire de Rome. - Credit:Denis ALLARD/REA

Il y avait tant de fraîcheur, tant d'inconvenance joyeuse, tant de jeunesse intacte et moderne dans le perpétuel entrain de Paul Veyne, né en 1930, que l'on avait du mal à se convaincre que ces nobles vertus appartenaient à un nonagénaire. D'autant que celui-ci, bien que passionné de son temps, était d'abord un éminent spécialiste de l'Antiquité, et un érudit réputé pour ses traductions de l'Énéide ou ses audacieuses études sur l'« évergétisme ».

Rarement, en effet, un professeur honoraire au Collège de France – où il avait occupé la chaire d'Histoire de Rome – se sera à ce point soucié d'abattre son « je », de ne jamais pontifier, et de ne rien dissimuler de sa vie, de son corps, de ses amours, de sa désinvolture, de ses égarements.

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Car Paul Veyne, s'il avait la passion des mondes anciens, n'ignorait pas qu'un historien fait toujours, et quelle que soit sa zone d'investigation, de l'« ego histoire », voire de l'Egodyssée. La sienne, en tout cas, était pure, franche, dépourvue de tout nombrilisme – mais soucieuse de dire, en toutes circonstances, d'où il parlait

Au pied du Ventoux

D'ailleurs, rien n'était plus naturel de la part d'un savant qui avait traversé son siècle sans s'en épargner ni le bruit ni la fureur. À cet égard, il suffira de feuilleter son merveilleux livre de mémoires – solennellement intitulé Et dans l'éternité je ne m'ennuierai pas (Albin Michel, 2014) – pour prendre la mesure [...] Lire la suite