Les patrons britanniques veulent « plus de migrants », Rishi Sunak leur répond

Britain's Prime Minister Rishi Sunak gestures as he delivers a speech at the Confederation of Business Industry (CBI) annual conference at the Vox Conference Centre in Birmingham on November 21, 2022. - The UK's recent austerity budget may avert a deeper recession, but the government must focus more on growth to improve the country's long-term prospects, the CBI will say. (Photo by Oli SCARFF / AFP)

ROYAUME-UNI - Rishi Sunak se met-il déjà à dos les patrons britanniques ? Alors que ces derniers réclament plus de migrants pour répondre à la sévère pénurie de travailleurs au Royaume-Uni, le Premier ministre a assuré que sa priorité était de lutter contre l’immigration clandestine lors d’un discours à l’ouverture de la conférence annuelle de la Confédération de l’industrie britannique (CBI) ce lundi 21 novembre.

« La priorité du pays sur l’immigration, c’est de lutter contre l’immigration clandestine », a assuré à Birmingham Rishi Sunak, qui s’est de nouveau défini comme un ardent partisan du Brexit, la sortie britannique de l’Union européenne, devenue effective début 2021.

Un peu avant le Premier ministre, son ministre de l’immigration Robert Jenrick avait déjà fermé la porte à un assouplissement des règles, estimant que les entreprises devaient former d’abord les Britanniques pour combler les manques. « Notre ambition est de diminuer la migration nette », a-t-il souligné lors d’une interview sur SkyNews.

« J’ai voté pour le Brexit. Je crois et je sais que le Brexit peut apporter et apporte déjà d’importants bénéfices et opportunités pour le pays », a ajouté Rishi Sunak, citant la reprise du contrôle de l’immigration par le Royaume-Uni depuis la sortie de l’UE, ou encore les accords commerciaux signés avec d’autres pays.

Sunak veut attirer « les meilleurs » migrants

Il s’est toutefois dit « sans équivoque » en faveur d’un système migratoire qui est « attractif » pour les candidats à l’immigration, « les meilleurs et les plus brillants ». Auparavant, Rishi Sunak avait livré un vibrant plaidoyer pour l’innovation, promettant de tout faire pour la relancer au Royaume-Uni, alors que celle-ci a selon lui trop ralenti depuis la crise financière.

« Plus nous allons innover, plus nous allons avoir de croissance, et nous avons un plan pour ces deux aspects », a promis le Premier ministre au cours d’une intervention accueillie plutôt mollement par le parterre de participants.

Tony Danker, le directeur général de la CBI, principale organisation patronale du pays, a toutefois appelé en réaction aux propos du Premier ministre à plus de détails sur ce plan : « les entreprises investissent en ce moment même et ont besoin d’en savoir plus sur les objectifs du gouvernement, aussi vite que possible ».

Plus tôt, Tony Danker avait ouvert la conférence de la CBI, qui va durer deux jours et est la première en présentiel depuis la pandémie, en rappelant que le Royaume-Uni se trouvait « en stagflation - frappé par une inflation galopante et une croissance négative ».

Le Royaume-Uni lutte contre la récession

De fait, le Royaume-Uni est entré en récession et son produit intérieur brut devrait se contracter encore d’1,4 % l’an prochain, prévoit l’OBR, l’organisme de prévision budgétaire public. L’inflation est, elle, à 11 %, un record depuis quatre décennies.

« La seule chose qui tient la croissance sont les heures travaillées en hausse, grâce à une immigration en hausse », a assuré Tony Danker devant une salle pleine de dirigeantes et dirigeants d’entreprises au centre de conférence Vox à Birmingham.

Le patron du CBI a notamment appelé à assouplir les règles d’immigration. « Ayons une migration économique dans les domaines où nous n’allons pas avoir les travailleurs ou les qualifications chez nous de sitôt. En retour, faisons que ces visas soient à durée fixe », a-t-il déclaré.

« N’oubliez pas que le PIB est un simple multiplicateur de deux choses : les personnes et leur productivité. Et il est temps d’être honnête : nous n’avons pas les personnes dont nous avons besoin, ni la productivité », a-t-il insisté.

Le Brexit mis en cause

Tony Danker a aussi appelé lundi à accélérer le commerce international du pays, « le plus faible en pourcentage du PIB du G7 », en signant un accord autour du conflit sur le protocole nord-irlandais, pour débloquer le potentiel de l’accord du Brexit avec l’UE.

La semaine dernière, le ministre des Finances Jeremy Hunt avait indiqué souhaiter voir « la grande majorité » des barrières douanières abolies entre son pays et l’UE, suscitant des interrogations sur l’intention du gouvernement dans les rangs des conservateurs eurosceptiques.

Les difficultés économiques et financières actuelles du Royaume-Uni font émerger de plus en plus de critiques sur les effets du Brexit. En plus de nombreux dirigeants d’entreprises qui demandent d’assouplir les règles d’immigration pour résoudre la pénurie de travailleurs, l’OBR et la Banque d’Angleterre ont estimé la semaine dernière que le Brexit avait eu un impact négatif important sur les échanges commerciaux du pays.

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