Patrick Poivre d’Arvor accusé par trois nouvelles femmes

French journalist Patrick Poivre d'Arvor arrives for the screening of the film
LOIC VENANCE / AFP French journalist Patrick Poivre d'Arvor arrives for the screening of the film "Young Ahmed (Le Jeune Ahmed)" at the 72nd edition of the Cannes Film Festival in Cannes, southern France, on May 20, 2019. (Photo by LOIC VENANCE / AFP)

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Patrick Poivre d’Arvor, ici lors du Festival de Cannes, le 20 mai 2019.

JUSTICE - Deux nouvelles plaintes visant Patrick Poivre d’Arvor, pour un viol et des agressions sexuelles, ont été déposées ce mois-ci, révèle Libération ce lundi 19 septembre. Ces faits, prescrits, n’engageront pas de poursuite mais décrivent un mode opératoire similaire aux autres plaignantes. Un autre signalement, portant sur une accusation de viol, également prescrite, a par ailleurs été adressé au procureur de la République chargé de la deuxième enquête préliminaire dans le dossier, ouverte en marge d’une instruction également en cours.

Les trois nouvelles plaignantes, que Libération a pu rencontrer, ont un point commun : le milieu de l’édition, au sein duquel PPDA a longtemps été une figure puissante et influente. Les livres du journaliste ont été publiés par les plus grandes maisons d’édition.

Parmi les victimes, Juliette (prénom modifié), journaliste et écrivaine, affirme avoir été violée dans le bureau de PPDA en 2000 après un passage dans l’émission littéraire Vol de nuit sur TF1. Une pénétration rapide, sans tentative de séduction, « le simple assouvissement d’un besoin ».

À Libération, elle dit se souvenir d’un détail immonde et révélateur : une boîte de lingettes. Elle explique qu’après le viol qu’elle vient de subir, PPDA a pris une lingette, s’est essuyé, et lui en a tendu une afin qu’elle se « nettoie », laissant penser à Juliette que cette pratique était régulière et organisée. Elle a ainsi eu l’impression d’être « un bout de viande dont on se sert ». Elle estime que le viol est pour l’ancien présentateur du JT « une manière de marquer son territoire ».

Il remonte sa jupe et l’embrasse de force

Bénédicte Martin, 44 ans, a elle porté plainte le 12 septembre contre PPDA, pour une agression sexuelle qui serait survenue en novembre 2003 dans le bureau du journaliste. Elle est âgée de 24 ans au moment des faits présumés.

Invitée sur le plateau de Vol de nuit pour parler de son livre de nouvelles érotiques, l’agression sexuelle se déroule là encore dans le bureau de PPDA après l’émission. Alors qu’ils boivent un verre de rhum, ce dernier tourne autour d’elle, et, une fois derrière, la saisit par la gorge en lui faisant une clef de bras. Ils basculent alors au sol puis se battent. PPDA remonte sa jupe et l’embrasse de force, raconte Bénédicte à Libération. « Non, pas comme ça, on vaut mieux que ça. Prenons rendez-vous », lui lance-t-elle en guise d’échappatoire. Elle parvient à fuir du bureau tant bien que mal.

« Je n’ai eu cesse de relater les actes de PPDA, personne n’a jamais été choqué », ajoute-t-elle, expliquant que son témoignage peut être utile à d’autres femmes. « Je supporte de moins en moins bien les phrases insultantes que j’entends sur cette affaire, comme « Elles l’ont bien cherché ». Ça me fait bouillir. J’ai envie de répondre : « Moi aussi, ça m’est arrivé. Et je n’ai rien à cacher ». »

Anne Cauquil-Gleizes, 53 ans, est la troisième plaignante rencontrée par Libération. Elle a 16 ans en 1984. Souhaitant devenir autrice, elle écrit à PPDA, qui lui répond, à sa grande surprise, en téléphonant au domicile familial. Leur rencontre aura lieu en mai 1985, dans une chambre d’hôtel de Sète, où le journaliste est en déplacement professionnel.

Alors qu’elle pense venir lui montrer ses écrits, « il me bascule sur le lit, me déshabille, me pénètre. Ça dure cinq minutes à peine. Je reste complètement passive, je ne comprends pas ce qui m’arrive. » Il la laisse ensuite et va prendre une douche.

« Vous me feriez bien une petite gâterie »

Si elle n’a déposé qu’une seule plainte, le 9 septembre, celle-ci concerne deux faits distincts : le viol raconté précédemment, et une agression sexuelle lorsqu’elle a 23 ou 24 ans, en 1991 ou 1992.

Pour le contexte de celle-ci, Anne, qui a changé de prénom l’année de ses 18 ans pour Margot, est invitée par PPDA à assister à l’enregistrement du journal télévisé. À la fin de celui-ci, elle est menée dans le bureau du présentateur. « Ce journal a vraiment été très difficile, vous me feriez bien une petite gâterie », lui aurait-il lancé, avant qu’elle se mette à hurler et à fuir.

Patrick Poivre d’Arvor, 74 ans, est accusé par une trentaine de femmes de viols, d’agressions ou d’harcèlements sexuels. Il les nie tous vigoureusement et a porté plainte en retour pour dénonciation calomnieuse. « La position de Patrick Poivre d’Arvor est connue et j’ai moi-même eu l’occasion de faire part publiquement, après le classement sans suite motivé, de certains éléments de sa défense », indique son avocate , Me Jacqueline Laffont, à Libé.

En juin 2021, une première enquête préliminaire, recueillant le témoignage de 23 femmes, a été classée sans suite par le parquet de Nanterre, majoritairement pour prescription mais aussi pour « absence d’infraction punissable » ou « infraction insuffisamment caractérisée ». Une seconde est en cours, sept autres femmes ayant témoigné.

Parallèlement, une information judiciaire a été ouverte après une plainte de l’écrivaine Florence Porcel, qui accuse Patrick Poivre d’Arvor de l’avoir forcée à un rapport sexuel en 2004 et à une fellation en 2009.

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