La parentalité aux États-Unis ou en France : ces mères américaines racontent les différences

Ces mères américaines racontent leurs étonnements, ce qu’elles aiment le plus dans le système français, et ce que l’on pourrait apprendre des États-Unis.
Westend61 / Getty Images/Westend61 Ces mères américaines racontent leurs étonnements, ce qu’elles aiment le plus dans le système français, et ce que l’on pourrait apprendre des États-Unis.

PARENTALITÉ - « Une mère américaine découvre la sagesse de la parentalité à la française ». Le sous-titre de Bringing up bébé, un classique du développement personnel aux États-Unis, est plein de promesses pour les parents en quête d’une nouvelle approche éducative. Si le livre de Pamela Druckerman a déjà 12 ans, l’intérêt porté aux « French parents » outre-Atlantique n’a pas vieilli. Du moins sur TikTok.

Cette Américaine qui vit en France a eu un choc culturel quand elle a découvert la cantine de son fils

Isabelle Bertolami, une Américaine qui élève ses enfants entre Paris et Aix-en-Provence, documente par exemple toutes les petites différences entre la parentalité en France et aux États-Unis auprès de ses 160 000 abonnés. Une vidéo où elle explique le concept du goûter compte 11,5 millions de vues.

Mais derrière les clichés, quelles sont vraiment les différences entre la parentalité façon US et sa cousine française ? Pour le savoir, le HuffPost a interviewé quatre mères américaines installées en France. Elles racontent leurs étonnements, ce qu’elles aiment le plus dans le système français, et ce que l’on pourrait apprendre des États-Unis.

Savoir mettre les limites

Première différence mentionnée : le statut de l’enfant. « En France, c’est un ajout à la famille, alors qu’aux États-Unis, on a parfois l’impression qu’il devient la famille, qu’il devient votre vie, votre identité », résume Jessie, dans l’Hexagone depuis 15 ans et mère d’un petit garçon de presque 5 ans. « Il y a aussi davantage de sacrifices là-bas, avec la mentalité “baby boss”, où l’enfant mène la danse. Alors qu’en France, au square, j’entends tout le temps des mères dire “c’est moi la maman, c’est moi qui décide”. »

Une envie de ne pas laisser la parentalité dicter sa vie qui commence dès la naissance, avec la question de l’allaitement. « Aux États-Unis, si vous n’allaitez pas, vous êtes une grande méchante », explique Sarah, maman de deux petites filles de 4 et 7 ans, à Paris depuis 2012. « Les Françaises ont une relation bien plus saine à cette question. Elles peuvent très facilement dire “je vais le nourrir au biberon dès la naissance”, avec cette idée de “c’est mon corps et donc mon choix”. C’est agréable et rafraîchissant », estime la comédienne, qui regrette néanmoins que les bureaux français manquent encore de lieux adaptés pour allaiter ou tirer son lait.

L’art de la table dès le plus jeune âge

L’éducation à la nourriture est un autre domaine où les mères interrogées remarquent des différences. Si les enfants français mangent la même chose que leurs parents, « aux États-Unis, les petits ont des nuggets, des frites, de la pizza. Ici, l’accent est mis sur le fait de partager la culture française, plutôt que d’abêtir les choses pour les plus jeunes », estime Jessie.

L’apprentissage du goût et des moments de partage autour du repas commence plus tôt que du côté américain. Dès la crèche, les enfants commencent à manger leur repas ensemble. Zeva vit depuis 25 ans en France, où elle élève ses deux fils, de 13 et 8 ans. « Je n’ai jamais eu à leur fournir une “lunch box” (un pique-nique que les parents préparent quotidiennement aux États-Unis pour pallier les défaillances de la cantine, ndlr.). Ils ont été exposés à plein de nourritures très jeunes, et ont appris à socialiser autour de la table, se souvient-elle. En France, on critique beaucoup la qualité des cantines scolaires mais les enfants ont quand même un repas équilibré, et ils mangent ensemble. »

« Permettre aux parents de continuer à avoir une vie »

Les écoles, crèches, centres aérés et autres structures publiques françaises sont d’ailleurs saluées par toutes les mamans interrogées. « Dans l’ensemble, les Français ont fait un super boulot pour ce qui est de créer un système où les parents peuvent continuer à être des adultes, commente Zeva. En France, c’est normal de mettre son enfant en crèche dès six mois. Des infrastructures publiques sont en place pour aider les parents, leur permettre de continuer à avoir une vie, et ce n’est pas du tout le cas aux États-Unis. »

Même constat du côté d’Emily, qui a une fille de 7 ans et vit dans un village du Loir-et-Cher. En France depuis 20 ans, elle se dit « extrêmement reconnaissante de pouvoir y élever un enfant », en raison notamment des opportunités permises par toutes ces structures. « Ma fille a toujours été très bien encadrée et a eu accès à des sorties, des activités sans aucun extra à payer. J’ai l’impression qu’elle a une enfance très agréable et équilibrée ici », se félicite-t-elle.

Des parents français un peu trop critiques

À lire ces lignes, on pourrait croire que les parents américains ont tout à envier aux Français. Mais il y a un domaine, où l’on gagnerait peut-être à apprendre d’eux : l’enthousiasme et les encouragements. Dans une vidéo devenue virale, la tiktokeuse « hellofrenchNYC » – qui, comme son pseudo l’indique, est une Française résidant à New York –, s’amuse de cette différence entre les deux pays. Elle y campe une mère américaine, puis une mère française, réagissant chacune au dessin de son enfant. La première est émerveillée et pleine de compliments. La seconde pointe immédiatement les défauts.

« Je pense que culturellement, en France, on a plutôt tendance à parler de ce qui ne va pas, décrypte Zeva. C’est une société qui est plus dans la critique que dans la célébration. » L’Américaine est coach professionnelle et a observé l’effet de cette approche chez ses clientes françaises à l’âge adulte. « Beaucoup d’entre elles sont terrifiés à l’idée de prendre des risques et faire des erreurs, explique-t-elle. Et elles ont beaucoup plus tendance à souligner leurs défauts que leurs qualités. »

Si cet esprit critique bien français peut faire des dégâts, Jessie voit aussi les problèmes de l’enthousiasme sans bornes américain. « J’ai l’impression d’avoir grandi dans un bain de compliments, raconte-t-elle. Plus tard, j’ai pris un peu de recul et je me suis dit que je n’étais peut-être pas aussi douée que ce que je pensais ». Maman d’un garçon, elle raconte ne pas vouloir le rendre arrogant. « Mon premier instinct est toujours de donner des encouragements. Mais au lieu de dire “c’est génial !”, maintenant je lui dis plutôt “oh bah, dis-donc !” ou “dis-m’en plus !”. » L’essentiel ? « Trouver le juste milieu. »

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