Un pansement conçu à partir de vers marins sauve un grand brûlé qui était "condamné"

C'est une première: un grand brûlé a été sauvé grâce à un pansement fabriqué à partir de vers marins. Une prouesse médicale et technologique d'autant plus impressionnante que le cas du patient était désespéré.

L'été dernier, un homme de 33 ans est grièvement blessé lors de l'explosion de son bateau sur la Loire. Son corps est brûlé à 85% aux deuxième degré profond et troisième degré, détaille Le Télégramme. Et son pronostic vital est engagé: malgré son admission au service des grands brûlés du CHU de Nantes, la peau ne cicatrice pas et son état empire.

"Il y a une règle chez les grands brûlés", explique à RTL Franck Zal, docteur en biologie et fondateur du laboratoire biopharmaceutique Hemarina qui a conçu ce pansement innovant. "Si l'addition de la part de surface brûlée avec l'âge dépasse 100, on considère qu'il n'y a presque plus de chances de le sauver. Cette personne était condamnée."

D'autant que la situation offre peu de solution de soin: la surface corporelle brûlée est telle qu'il n'y a pas suffisament de zones de peau prélevables pour une greffe.

"Chez ce patient, afin de limiter la surface à greffer et donc à prélever sur les rares zones non brûlées, nous avons opté pour ce pansement afin d'essayer de faire cicatriser sans chirurgie le thorax, l'abdomen et le dos, permettant de conserver les sites donneurs de greffe pour les mains et les membres inférieurs", indique à 20 minutes Pierre Perrot, chef de service du centre des brûlés de Nantes.

De nombreuses perspectives thérapeutiques

L'hôpital décide de contacter la société de biotechnologie française Hemarina qui a conçu un pansement innovant à partir d'hémoglobine de ver marin. Pas de ver dans le pansement mais une protéine d'arenicola marina, souvent appelé ver de vase, présent sur les plages de l'Atlantique et de la Manche et connu pour ses grandes capacités d'oxygénation.

"On était en plein été, il a fallu rappeler nos collaborateurs pour fabriquer et fournir les 330 pansements de 110 cm2 qui ont été nécessaires pour soigner le patient", raconte à Ouest France Franck Zal. Concrètement, le pansement se présente sous la forme d'une seringue contenant un gel étalé sur la plaie. Ce qui apporte "une oxygénation maîtrisée et ciblée, en continu sur ses plaies", selon le CHU de Nantes.

Les résultats sont spectaculaires: le processus de cicatrisation reprend et après trois mois d'hospitalisation, le patient est transféré en centre de rééducation spécialisé. Des résultats qui relèveraient presque du miracle: l'abdomen, le dos, la nuque et le haut des fesses du patient sont redevenus comme avant l'accident.

Si à ce jour une dizaine de patients ont pu bénéficier de cette innovation -dont une patiente qui a ainsi pu éviter une amputation de la main- "ce cas est exceptionnel", s'enthousiasme le fondateur d'Hemarina. "C'est une rupture technologique majeure dans le domaine de la cicatrisation", ajoute-t-il.

Un traitement qui laisse imaginer de nombreuses perspectives thérapeutiques, notamment pour les ulcères du pied chez les personnes diabétiques ou encore les escarres.

Article original publié sur BFMTV.com