"Panama Papers" : comment la Chine censure la moindre info sur les réseaux sociaux

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(Capture d’écran Freeweibo.com)

La Chine figure parmi les pays épinglés dans l’affaire des “Panama Papers”, aux côtés de la France, l’Espagne ou encore l’Islande. Mais les censeurs chinois ont l’habitude de sévir. Sur Weibo, le principal réseau social chinois, les internautes ne peuvent plus faire de recherches sur le sujet.

Il faut tout nettoyer. Tel est le mot d’ordre de la censure chinoise sur les réseaux sociaux du pays depuis que l’affaire “Panama Papers” a éclaté. Ce lundi 4 avril, 11 millions de documents internes détenus par le cabinet Mossack Fonseca révélaient la fraude fiscale de milliers de politiciens puissants (Poutine, David Cameron…) et de stars internationales (Pedro Almodovar, Lionel Messi) pour n’en citer que quelques-uns.

Parmi eux se trouvent également trois hauts responsables du gouvernement chinois, incluant le président Xi Jinping, ainsi que plusieurs membres du PCC (Parti Communiste Chinois). Les autorités du pays ont donc très vite ôté du site Weibo – le réseau social le plus prisé de Chine – toute trace de cette évasion fiscale massive.

La censure de Weibo très vite commentée

Tout au long des journées de lundi et mardi, les messages contenant les mentions “巴拿马” (Panama) et “巴拿马 文件” (Panama Papers) ont été supprimés du réseau social Weibo, afin d’empêcher les internautes de spéculer ou d’avoir une image négative du Parti communiste. Les recherches en langue anglaise pour “Panama Papers” ont également été bloquées. Si l’internaute souhaite se renseigner sur ces mots, il obtient un message d’erreur justifiant “les lois, les règlements et la politique en vigueur”.

Le site Mashable rapporte les posts de plusieurs internautes chinois, qui condamnent la censure appliquée à des articles qui ne mentionnent même pas la Chine. Sur Freeweibo, un site qui récupère les messages supprimés du réseau social Weibo, le terme le plus bloqué est “Panama”. “Pas de nouvelles dans les journaux locaux, Weibo bloqué” assure un post.

Ce n’était pas la première fois pour les politiques chinois

En arrivant au pouvoir, Xi Jinping n’était pourtant pas blanc comme neige. Quelques mois avant de devenir président en mars 2013, il clamait qu’il s’attaquerait aux “mouches” et aux “tigres” de la corruption qui gangrenaient le PCC. Or les actions de son beau-frère, Deng Jiagui - aujourd’hui nommé dans les “Panama Papers” - venaient déjà discréditer son discours à l’époque.

Marié à la sœur ainée du président chinois, Deng Jiagui et son épouse possédaient un patrimoine de centaines de millions de dollars en 2012. Deux ans plus tard, l’affaire des “Offshore Leaks” révélait que Deng détenait deux compagnies offshore aux Îles Vierges britanniques, paradis fiscal britannique, depuis 2009.

Ce lundi, les “Panama Papers” nommaient aussi Jasmine Li, la fille de Jia Qinglin, membre permanent du PCC. Lors de ses études à l’Université de Stanford, la jeune Li aurait reçu sa première société offshore avant d’en cacher un plus grand nombre encore.

Enfin, une autre connexion évoque Bo Xilai, ex-membre officiel du Parti communiste, tombé pour corruption en 2012 et emprisonné à vie, ainsi que l’architecte Patrick Henri Devillers, ancien associé de la femme de Bo Xilai. Ce Français aurait aidé cette dernière à mettre en place une société offshore afin d’acheter une propriété de luxe dans le sud de la France. Arrêté en Chine en 2012, Devillers a fini par collaborer avec la justice du pays.