Pakistan : l’honneur retrouvé de Mukhtar Mai

Au mariage de Summaya et de Mohamed. La jeune femme de 18 ans a trouvé refuge chez Mukhtar Mai après l’assassinat, par son frère, de son premier mari, épousé par amour.

Elle est devenue le symbole de la résistance des Pakistanaises. Violée en 2002, cette villageoise du Pendjab a porté plainte contre ses agresseurs, une première. Depuis, elle a ouvert deux écoles et un foyer pour les jeunes filles victimes de violences.

Le sourire conquérant, Mukhtar Mai plonge avec délice dans la danse effrénée des femmes du village qui chahutent les jeunes mariés. Son cœur s’enivre des résonances assourdissantes des tambours et de cette joyeuse revanche sur son maudit destin. Autour d’elle, le percussionniste et les danseuses d’une tribu nomade entrent en transe. Des dizaines de femmes et de jeunes filles, les bras encombrés d’enfants, s’agglutinent et exultent aux déhanchements de leur protectrice. L’ambiance survoltée qui baigne la cour de sa maison secoue la quiétude de cette campagne bucolique du Pendjab du Sud. De rares instantanés de bonheur qui tranchent avec le quotidien très dur des habitantes de cette région, l’une des plus violentes au monde pour les femmes.

Car dans ce village de Mirwala, à près de dix heures de route de la capitale pakistanaise, Islamabad, Mukhtar Mai, survivante au destin exceptionnel, a réalisé des miracles. «J’ai perdu ma dignité, mais je n’ai pas voulu rester silencieuse et recluse chez moi à vie. Je me suis dit que je pourrais aider les filles de la prochaine génération», explique à Libération cette figure charismatique de 43 ans. Aujourd’hui, elle marie Summaya Ijaz, de vingt ans sa cadette, et victime, comme elle, de ces innombrables «crimes d’honneur» qui meurtrissent cette partie du monde (lire Libération du 17 mars). Depuis plus de dix ans, Mukhtar est un formidable symbole de résistance pour les paysannes pakistanaises. En 2002, la jeune femme a été victime d’un viol collectif «ordonné» par une assemblée de son village pour «punir» sa famille, accusée d’avoir offensé l’honneur d’un autre clan. Cette décision moyenâgeuse, relayée par les médias et des ONG locales, déclenche une indignation internationale (...) Lire la suite sur Liberation.fr

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