Pakistan: un groupe Facebook féminin brièvement supprimé par Meta

Meta a brièvement supprimé, avant de le réactiver vendredi, un groupe Facebook aux 300.000 membres qui offre aux Pakistanaises un espace pour discuter de sujets tabous dans ce pays conservateur (STR)
Meta a brièvement supprimé, avant de le réactiver vendredi, un groupe Facebook aux 300.000 membres qui offre aux Pakistanaises un espace pour discuter de sujets tabous dans ce pays conservateur (STR)

Meta a brièvement supprimé, avant de le réactiver vendredi, un groupe Facebook aux 300.000 membres qui offre aux Pakistanaises un espace pour discuter de sujets tabous dans ce pays conservateur, a indiqué vendredi à l'AFP sa fondatrice.

Le groupe Soul Sisters, créé en 2013 par Kanwal Ahmed, et qui parle de sexualité, divorce ou violence conjuguale - des questions peu discutées dans ce pays conservateur à majorité musulmane - avait été supprimé mercredi soir au motif d'une "violation de la propriété intellectuelle non précisée", a-t-elle dit.

Le réseau social a suspendu le groupe à ce motif "sans même mentionner sur quel post il portait", a-t-elle dit, soulignant que celui-ci ne comprenait "que des histoires personnelles et des posts anonymes".

Le groupe Facebook a été réactivé vendredi soir.

Meta n'avait pas répondu à ce moment aux demandes de commentaire de l'AFP.

Soul Sisters --un réseau fermé, inaccessible aux hommes-- clive au Pakistan où les unions arrangées sont la norme, où plus de 80% des femmes disent avoir été harcelées dans l'espace public et où une femme sur quatre dit avoir subi des violences physiques ou psychologiques de la part de son compagnon, selon les autorités.

Certains accusent Soul Sisters de promouvoir le divorce et la "débauche" en proposant des informations sur l'éducation sexuelle, les violences intrafamiliales et d'autres sujets peu discutés en public au Pakistan.

Mais en 2018, Facebook avait sélectionné Mme Ahmed comme l'un des 115 "Community Leaders" (chefs de communautés) utilisant sa plateforme pour aider les autres, lui accordant une subvention.

Pour Shmyla Khan, spécialiste des droits numériques, "la suspension de Soul Sisters incarne l'arbitraire et la non-transparence des plateformes et comment, de façon subtile, les règles de ces plateformes peuvent aller à l'encontre de l'intérêt des utilisateurs dans le Sud global".

Les autorités pakistanaises pratiquent par ailleurs régulièrement la censure en ligne.

X est ainsi coupé depuis les législatives du 8 février, entachées d'allégations de manipulation.

TikTok a été interdit à deux reprises par les autorités pour "contenu inapproprié" jusqu'à ce qu'il s'engage à modérer son contenu --et retire, officiellement, plus de 18 millions de vidéos au dernier trimestre 2023.

Et YouTube a été inaccessible de 2012 à 2016 pour des vidéos jugées "blasphématoires".

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