Pénurie d’essence : Quelle est la situation après la suspension de la grève chez Esso à Fos-sur-Mer ?

A protester participates in CGT trade unionists and employees gathering beside the Total Energy refinery site, in Gonfreville-l'Orcher, near Le Havre, northwestern France, on October 10, 2022. - A hundred employees voted on October 6, to continue the strike for wages at the TotalEnergies platform in Normandy, Gonfreville-L'Orcher, while tension is increasing in the service stations. (Photo by Lou BENOIST / AFP)

GRÈVE - La grève dans les raffineries françaises se poursuivait ce jeudi 13 octobre chez Esso-ExxonMobil, visé par de premières réquisitions de salariés, tandis qu’à TotalEnergies, la situation était au point mort après le refus des salariés grévistes de débloquer les expéditions de carburant pour ravitailler les stations-service à sec.

Tard mercredi soir, les grévistes de TotalEnergies ont décliné fermement une proposition de la direction de débloquer les livraisons à l’aube comme un préalable à l’ouverture dans la foulée de négociations salariales.

« Maintenant on négocie sans conditions »

« C’est un refus catégorique massif, ils (les salariés) ne veulent pas de cette exigence pour négocier », a déclaré à l’AFP Thierry Defresne, secrétaire CGT du comité TotalEnergies Europe à la sortie d’une réunion nocturne au siège du groupe à La Défense.

« On a perdu trop de temps, maintenant on négocie sans conditions », a-t-il poursuivi en estimant que les « exigences » de TotalEnergies, à savoir « lâcher du produit (carburant) » étaient synonymes de « réquisition douce ». TotalEnergies a de son côté confirmé à l’AFP « l’issue négative des discussions de la nuit ».

Le dialogue semblait pourtant avoir été renoué plus tôt dans la journée quand la direction avait accepté pour la première fois de recevoir la CGT. Jusqu’alors, elle exigeait comme préalable la levée des blocages pour voir le deuxième syndicat du groupe.

Début des réquisitions, Macron prévoit un retour à la normale « dans la semaine »

Le conflit est entré dans une nouvelle phase mercredi avec l’exécution de la menace de réquisitions par le gouvernement, qui touchent pour l’heure quatre salariés du dépôt de carburants de la raffinerie d’ExxonMobil Port-Jérôme/Notre-Dame-de-Gravenchon (Seine-Maritime), sommés de rouvrir les vannes.

« Décision scandaleuse », a protesté Philippe Martinez, leader de la CGT, venu en soutien des salariés d’ExxonMobil, et qui a annoncé le dépôt d’un référé jeudi pour s’y opposer. « Le pompage a pu commencer et le carburant être injecté dans l’oléoduc destiné à approvisionner l’Île-de-France », a précisé dans la soirée la préfecture de la Seine-Maritime.

De quoi améliorer la situation ? Le président Emmanuel Macron a prévu un retour à la normale dans la distribution de carburants « dans le courant de la semaine qui vient », lors d’un entretien sur France 2 mercredi soir. Il a toutefois annoncé que « si le dialogue social n’aboutit pas dans les prochaines heures, nous réquisitionnerons ». Le chef de l’État a de nouveau appelé « à la responsabilité » la direction de TotalEnergies et la CGT, en prévenant : « Que la CGT permette au pays de fonctionner ».

Pour l’heure, les pénuries se prolongent, mettant les nerfs des automobilistes à vif. Mercredi à 17H00, 30,8 % des stations-service manquaient d’un ou plusieurs carburants (31,3 % mardi), selon le ministère de la Transition énergétique. Une proportion pire dans les Hauts-de-France, en Île-de-France et en Centre-Val-de-Loire.

Six des sept raffineries de France bloquées, FO rejoint la grève

Le patronat s’est inquiété pour sa part cette semaine des conséquences de cette grève sur la vie économique du pays. Partout les automobilistes racontent leur « galère » et les files monstres à la pompe : « Ce matin (mercredi), j’ai perdu 1H30 pour trouver une pompe de gazole (...) sur mon jour de repos », se désespère Albertine Morais, infirmière à Clichy-la-Garenne. Et il faudra « recommencer d’ici deux jours » : « Je suis déjà en panique ».

Six des sept raffineries de France étaient en grève mercredi : les quatre de TotalEnergies et les deux d’Esso-ExxonMobil. Seule celle de Lavéra (groupe Petroineos) n’est pas bloquée. S’ajoutent les dépôts de TotalEnergies de la Mède (Bouches-du-Rhône) et des Flandres, qui alimente les Hauts-de-France, tous les deux à l’arrêt.

Chez Esso, un accord a été signé avec deux syndicats majoritaires dont la CFDT, mais pas avec la CGT. La grève continuait dans ses deux raffineries. FO, quatrième syndicat parmi les salariés du raffinage chez TotalEnergies, a par ailleurs rejoint la grève.

Chez TotalEnergies, la grève dure depuis le 27 septembre. Elle concerne la raffinerie de Normandie (Gravenchon), près du Havre, le dépôt de Flandres, près de Dunkerque, la « bioraffinerie » de La Mède (Bouches-du-Rhône), la raffinerie de Feyzin (Rhône) et celle de Donges.

La cause du conflit : les salaires. La CGT, qui a lancé la grève le 27 septembre chez TotalEnergies, revendique 10 % d’augmentation pour 2022, contre les 3,5 % obtenus en début d’année, afin de compenser l’inflation et de profiter des bénéfices exceptionnels du groupe.

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