Pécresse défend sa mesure « anti-ghetto » contre « l’islamisme », la gauche dénonce un dérapage

Pécresse défend sa mesure « anti-ghetto » contre « l’islamisme », la gauche dénonce un dérapage (Photo de Valérie Pécresse prise en avril 2022)
LUDOVIC MARIN / AFP Pécresse défend sa mesure « anti-ghetto » contre « l’islamisme », la gauche dénonce un dérapage (Photo de Valérie Pécresse prise en avril 2022)

POLITIQUE - Valérie Pécresse a affirmé ce mercredi 20 septembre que la mesure « anti-ghetto », visant à freiner la production de logements sociaux dans les communes d’Île-de-France qui en comptent déjà au moins 30 %, vise notamment à éviter « le communautarisme » et « l’islamisme ».

La présidente LR de la Région, Valérie Pécresse, qui s’exprimait en séance du conseil régional, a défendu « l’objectif » d’« éviter l’enfermement, éviter la ghettoïsation, éviter le communautarisme et éviter l’islamisme ». Elle répondait à une question sur cette mesure - qualifiée de « clause honteuse » par un représentant de l’opposition communiste, Didier Mignot, en début de séance plénière.

Le groupe communiste a dénoncé dans un communiqué « un grave dérapage ».

« Remettre de la mixité sociale »

Ce plafond anti-ghetto voulu par Valérie Pécresse a été adopté mi-juillet dans le plan d’aménagement régional et doit entrer en application en 2024. Il a pour « objectif de remettre de la mixité sociale dans les quartiers populaires », ainsi que « l’ascenseur social » et « de la réussite dans les établissements scolaires », a également justifié l’ancienne candidate à l’élection présidentielle.

La mesure fait partie du plan d’aménagement d’Île-de-France, le schéma directeur de la région (Sdrif), qui doit encadrer jusqu’en 2040 son développement et s’impose aux élus locaux dans leurs plans d’urbanisme.

« Nous ne voulons plus de quartier déserté par les classes moyennes et nous ne voulons plus de ghetto », a revendiqué Valérie Pécresse affirmant faire « de la vraie mixité sociale partout en Île-de-France ».

« Faire annuler cette mesure scélérate »

« À Neuilly ? », a rétorqué un élu depuis les bancs de l’opposition de gauche. Neuilly, ville à la population aisée située à l’ouest de Paris, ne comptait que 6,8 % de logements sociaux en 2020.

Il y a huit jours, soixante élus d’Île-de-France ont signé avec la présidente du groupe Gauche communiste, écologiste et citoyenne Céline Malaisé deux lettres adressées au ministre délégué chargé du Logement Patrice Vergriete et au préfet de région Marc Guillaume « pour faire annuler cette mesure scélérate ».

Son application constituerait « une atteinte grave au droit au logement et à la libre administration des collectivités », dénoncent dans les deux courriers les signataires, parmi lesquels figurent les sénateurs communistes Pierre Laurent et Eliane Assassi, l’adjoint à la mairie de Paris Ian Brossat ou encore les maires de Grigny, Montreuil, Malakoff, Ivry-sur-Seine ou Villejuif.

« Je pense que ça aura des conséquences lourdes »

Fin juin, l’avant-projet du Sdrif avait été retoqué par l’État car ne garantissant pas à celui-ci de pouvoir mener à bien notamment sa politique du logement.

L’application de la clause dite « anti-ghetto », qui « freine la production de logements sociaux » dans les zones déjà largement dotées, « conduirait à réduire de 21 % la production sociale moyenne » par rapport à ces dernières années, avait déploré la préfecture.

« Sur le fond je trouve ça totalement inapproprié au regard de la situation en Île-de-France. Ce n’est certainement pas le moment de faire ça. Je pense que ça aura des conséquences lourdes », a réagi mercredi Patrice Vergriete, interrogé par l’AFP.

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