Outreau: le juge Burgaud défend avec difficulté son instruction de l'affaire

Le juge Fabrice Burgaud a eu du mal à défendre son instruction de l’affaire Outreau à la barre du procès de Daniel Legrand, l’un des treize acquittés jugés à Rennes pour des faits de pédophilie commis avant ses 18 ans.

Outreau: le juge Burgaud défend avec difficulté son instruction de l'affaire

Ce vendredi 22 mai à Rennes, dans le cadre du procès de Daniel Legrand, le magistrat Fabrice Burgaud a une nouvelle fois défendu son instruction de l’affaire Outreau. Il a d’abord exposé, pendant 45 minutes, par visioconférence, le fil de son instruction de 2001 et 2002, avant d’être mis en difficulté par les questions du président de la cour Philippe Dary.

« Daniel Legrand fils est mis en examen sans période de faits » a d’abord souligné Philippe Dary, lui-même ancien juge d’instruction. « Sur le territoire national cela n’a aucun sens. Comment peut-on se défendre face à des accusations qui ne sont pas marquées dans le temps ? ». Fabrice Burgaud lui a alors répondu qu’effectivement il « aurait été préférable de préciser des périodes ».

Parmi « tous ces enfants (avec lesquels, ndlr) Daniel Legrand dit avoir été en présence » en les désignant sur des photos, lors de ses aveux temporaires au cours de l'instruction, a poursuivi Philippe Dary, « aucun ne désignera Daniel Legrand de quelque manière que ce soit (sur photos)... Ça interpelle ? » a poursuivi le président sans que Fabrice Burgaud ne se défende.

Philippe Dary a ensuite pointé le fait que, dans la plupart des cas, les albums photos qui étaient présentés aux personnes interrogées, victimes ou agresseurs présumés, ne comprenaient que des personnes impliquées dans le dossier. Elles n'étaient pas mélangées avec des personnes étrangères aux faits, comme cela se pratique d'ordinaire dans les enquêtes de police pour déceler les déclarations fantaisistes.

Le juge pointe son manque d'expérience

Fabrice Burgaud en a rejeté la faute sur les services de police, avant d'admettre qu'il aurait été « plus souhaitable » de panacher. « Je leur faisais confiance (aux services de police, ndlr) avec le peu d'expérience qui était la mienne... C'est vrai que quand ils (les albums photos) sont arrivés, j'aurais pu demander à ce qu'on les reprenne », a ajouté l'ancien juge d'instruction.

Reprenant le chef de mise en examen de Daniel Legrand, accusé de viols et agressions sexuelles nommément sur les quatre fils Delay, le président s'est étonné que ces quatre enfants soient « les seuls à qui on ne montrera pas de photos... » de Daniel Legrand et de son père, pour voir s'ils pouvaient les reconnaître.      

Fabrice Burgaud embarrassé par de nombreuses questions

« Un élément de réponse, c'était aussi d'éviter la multiplication d'auditions sur des enfants très jeunes... Je ne les ai entendus qu'une seule fois... » a fini par répondre, après un silence long et embarrassé, Fabrice Burgaud.

L’instruction du juge Burgaud a souvent été critiquée et s’était soldée par un « fiasco judiciaire » avec l’acquittement de 13 des 17 accusés.

Daniel Legrand comparaît à Rennes depuis le 19 mai pour viols et agressions sexuelles sur les enfants Delay, pour la période où il était âgé de 16 à 18 ans, jamais jugée. Il a en revanche été acquitté, avec 12 autres des accusés d'Outreau, des accusations de viols postérieurs à sa majorité.