Ousmane Sonko condamné avec sursis : la justice sénégalaise a coupé la poire en deux

Après plusieurs renvois, c’est une audience spéciale qu’a connue, le 30 mars dernier à Dakar, le procès pour diffamation de l’opposant Ousmane Sonko.

Ce dernier a été condamné à deux mois avec sursis, dans un contexte de vive tension qui a vu ses partisans faire le pied de grue dans la rue depuis la veille, quand des heurts ont éclaté entre policiers et manifestants décidés à braver l’interdit.

Le fait est que, depuis plusieurs mois, le feuilleton Ousmane Sonko tient en haleine tout le Sénégal, où l’atmosphère sociopolitique s’est fortement dégradée. Le leader du Pastef [Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité] est l’objet de poursuites judiciaires qui ne sont rien d’autre, pour l’opposition réunie autour de son leader, qu’une cabale politique visant à le disqualifier de la course au fauteuil présidentiel [25 février 2024].

Une situation institutionnelle et sociale explosive

Et la situation est d’autant plus explosive que non seulement l’opposition ne fait pas confiance à la justice, qu’elle accuse d’être inféodée au pouvoir en place, mais aussi parce qu’elle soupçonne le chef de l’État de nourrir des velléités de briguer un troisième mandat qu’elle juge constitutionnellement indu [La Constitution du pays, révisée en 2016, prévoit que la durée du mandat présidentiel est de cinq ans, et non plus sept, et que “nul ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs”. Mais Macky Sall a fait valoir que, quand le Conseil constitutionnel avait été consulté avant la révision, il avait estimé que son premier mandat était “hors de portée” de la réforme. Le président a donc estimé le débat “tranché” sur “le plan politique” ].

De là à voir derrière les ennuis judiciaires de leur champion une façon détournée, pour le pouvoir, de dégager un boulevard pour le natif de [la ville de] Fatick par la désormais bien connue méthode de la condamnation judiciaire, qui a eu raison des ambitions présidentielles d’opposants, et pas des moindres, comme Karim Wade, Khalifa Sall [l’ancien maire de Dakar] et Barthélemy Dias [actuel maire de Dakar], bien avant Ousmane Sonko, il y a un pas que l’opposition a vite franchi.

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