Oudéa-Castéra, dont les enfants sont à l’école dans le privé, se justifie : « On en a eu marre »

POLITIQUE - Frustration et ras-le-bol. Amélie Oudéa-Castéra a justifié son choix de scolariser ses enfants dans un établissement privé, lors d’une visite dans un collège des Yvelines avec Gabriel Attal ce vendredi 12 janvier. La nouvelle ministre de l’Éducation nationale, en plus des Sports et des Jeux Olympiques, a expliqué en avoir eu « marre » de voir « un paquet d’heures non remplacées » quand ses enfants étaient à l’école publique.

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Quelques heures plus tôt, le site d’investigation Mediapart révélait que les trois enfants de la ministre, âgés de 13 à 18 ans, sont scolarisés dans l’établissement catholique Stanislas à Paris, qui a fait l’objet d’une enquête administrative après des témoignages dans la presse d’anciens élèves dénonçant « l’univers sexiste, homophobe et autoritaire de l’institution ».

Assurant ne pas vouloir « esquiver » la question, la ministre s’est défendue : « Je vais vous raconter brièvement cette histoire, celle de notre aîné, Vincent, qui a commencé comme sa maman à l’école publique. Et puis la frustration de ses parents, mon mari et moi, qui avons vu des paquets d’heures qui n’étaient pas sérieusement remplacées, on en a eu marre comme des centaines de milliers de familles qui à un moment ont fait un choix d’aller chercher une solution différente », a plaidé devant la presse Amélie Oudéa-Castéra, comme vous pouvez le voir dans la vidéo ci-dessous. La ministre a également invoqué un argument de « proximité » puisqu’elle habitait « rue Stanislas » dans le VIe arrondissement de la capitale.

Une justification dénoncée par les oppositions. « Une ministre de l’Education Nationale justifie la scolarisation de ses enfants dans le privé à cause de la décrépitude de l’école publique. Décrépitude organisée depuis 7 ans par Macron ! Monde de fous. », a réagi le sénateur communiste Ian Brossat sur X. Le député écologiste Jérémie Lordanoff regrette également dans un tweet « une ministre de l’éducation nationale qui ne croit pas dans l’école publique. »

Côté syndicats, le président du SNALC Jean-Rémi Girard espère que la ministre va justement remédier « à la crise d’attractivité qui crée ces semaines, mois, voire années non remplacées . » Tandis que la FSU-SNUipp a partagé la séquence sur X en proposant des solutions : « Quelques idées (non exhaustives) pour éviter le non remplacement : - budgétisations de postes de remplaçant·es - hausse des salaires de l’ensemble des enseignants et enseignants pour mettre fin à la crise du recrutement ».

Concernant les accusations envers l’établissement, Amélie Oudéa-Castéra n’a pas répondu à la question directement mais a insisté sur le fait que : « l’école c’est celle de la République, et la République travaille avec tout le monde dès lors qu’on est au rendez-vous de ses exigences et de ses valeurs ».

Les valeurs de « Stan », surnom donné à l’établissement scolaire, ont pourtant été au cœur de polémiques à plusieurs reprises, comme le rappelle un article du Monde publié en août dernier. En 2018, un atelier intitulé « Offrir fraternité et soutien dans l’Église aux personnes qui vivent une attirance homosexuelle » avait notamment été critiqué. Il était organisé par un abbé prônant la chasteté pour les gays et les lesbiennes.

En 2022, des témoignages dénonçant « un univers sexiste, homophobe et autoritaire » publiés dans la presse déclenchent une enquête de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche « afin d’identifier d’éventuels dysfonctionnements ». Les conclusions du rapport qui n’ont pas été rendues publiques, sont désormais entre les mains d’Amélie Oudéa-Castéra, pointe Mediapart.

La désormais ministre de l’Éducation ne semble pas vouloir changer ses enfants d’établissement : « Mon mari et moi nous nous assurons que nos enfants sont non seulement bien formés avec de l’exigence dans la maîtrise des savoirs fondamentaux et qu’ils sont heureux, épanouis, qu’ils ont des amis, qu’ils sont bien, qu’ils se sentent en sécurité en confiance et c’est le cas pour mes trois petits garçons qui sont là-bas », a-t-elle conclu. Des conditions qu’elle ne retrouve pas dans l’école publique ?

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