Orelsan sur Amazon Prime : la partie 2 du docu aurait pu s’appeler « Fais jamais écouter ça à personne »

MUSIQUE - On est (très) nombreux à avoir écouté en boucle les 15 titres de Civilisation, album le plus vendu en France en 2021 et depuis écoulé à près de 600 000 exemplaires. Sauf que des morceaux à l’origine, il y en avait beaucoup plus. C’est en partie ce que racontent les quatre épisodes qui forment la partie 2 du documentaire sur Orelsan, Montre jamais ça à personne, toujours filmés par son frère Clément Cotentin et disponibles sur Amazon Prime Vidéo depuis ce jeudi 13 octobre.

Quand la partie 1 narrait, à partir de quelque 6 000 heures d’archives familiales, l’ascension d’un rappeur et de sa bande de copains partis de rien et qui arrivent au sommet, la partie 2 du documentaire se concentre sur les deux années longues et mouvementées du processus de création de l’opus Civilisation, plus gros succès de la carrière d’Orelsan et avec lequel il est actuellement en tournée. Confinements à répétition, manque d’inspiration, galères techniques et feats hypothétiques : malgré le statut d’artiste confirmé, on découvre au fil des épisodes que la trajectoire est (encore une fois) pleine d’échecs.

Les ratés de Civilisation

Qu’il s’agisse de Manifeste écrit à la main sur un cahier « en mode Victor Hugo » après avoir perdu des milliers de pages de notes de son iPhone, du dernier couplet de Civilisation pensé en studio quelques minutes à peine avant le rendu de la maquette, ou encore de l’enregistrement un peu lunaire de Dernier verre avec Pharrell Williams... On suit tous les détails de l’écriture et de la composition de ces morceaux aujourd’hui devenus tubes. Mais aussi de ceux qui ont été « mis à la poubelle », et qu’on se le dise, certains de ceux-là nous trottent toujours en tête plusieurs jours après le visionnage.

« Souvent, on entend le résultat fini d’une quinzaine de morceaux, mais pour en arriver, là j’en fais peut-être une centaine, donc les 85 autres ne sont pas oufs », quantifie à l’antenne de France Inter Orelsan, que le coréalisateur du documentaire Christophe Offenstein appelle « le petit artisan ». Parmi ces 85 là, il y a ainsi Point de rupture, un titre qui évoque une séparation amoureuse mis en boîte très tôt mais jamais intégré à l’album. Et aussi Ah la France, sorte d’hymne électro qui provoque un fou rire à ses producteurs Skread et Ablaye qui le jugent « catastrophique ».

« Je voulais faire un mélange de Michel Sardou et de The Prodigy le groupe d’électro, et dans ma tête ça marchait », raconte encore le rappeur de 40 ans sur le plateau de C à Vous sur France 5. « Ce qui est bizarre, c’est que je fais des bonnes chansons et des chansons nulles avec la même sincérité ! Au moment où je le fais, je me dis que c’est bien. »

Un « hit intergénérationnel » avec Angèle

Impossible de ne pas évoquer enfin le morceau Évidemment, featuring entre Orelsan et Angèle, pensé comme « un hit intergénérationnel » - c’est lui qui le dit - qui aurait pu être le plus gros tube de sa carrière, pressentait déjà sa maison de disques. Sauf qu’après pas mal d’allers-retours entre les deux artistes et surtout un long blocage d’écriture de la part du rappeur, il ne reste plus assez de temps à la Belge pour enregistrer ses couplets…

Lorsqu’on connaît le sens du « bon coup » d’Orelsan - l’an passé, la sortie de Montre jamais ça à personne avait servi de rampe de lancement à l’album -, on s’interroge forcément : le Caennais ne nous réserverait-il pas une surprise sous forme de single ou de réédition avec certains de ses titres ? « Je suis incapable de vous répondre, je ne suis pas dans les secrets de leur stratégie musicale », nous répond Thomas Dubois, le directeur des créations Amazon Original France lorsqu’on l’interroge. « Mais à titre tout à fait personnel, évidemment que j’adorerais… ». Et qu’on se le dise, il est loin d’être le seul.

Il y a bientôt quatre ans, c’est à lui qu’Orelsan, son frère Clément Cotentin et la productrice Justine Planchon sont venus présenter leur idée de film documentaire, très vite devenue celle d’une série en plusieurs parties. « L’idée de continuer l’histoire avec une partie 2 était là bien avant la sortie de la partie 1 », assure le patron de la création originale de la plateforme de streaming. « Son frère continuait de tourner, il avait encore des choses à raconter, alors pourquoi s’en priver ? »

Si Amazon refuse comme à son habitude de communiquer des chiffres de visionnage, Thomas Dubois parle franchement d’un « succès » pour les 6 épisodes de la partie 1, et évoque un « taux de complétion [la part de spectateurs qui sont allés jusqu’au bout de la série, ndlr] parmi les plus hauts jamais vus chez Amazon ». Mais n’en attendez pas plus pour autant : Clément Cotentin a arrêté de filmer son frère - il rêve désormais de réaliser de la fiction - et il n’y aura pas de Montre jamais ça à personne partie 3.

Alors Orelsan, pour s’en consoler, on mériterait bien une réédition de Civilisation, non ?

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