Opposé à la retraite à 64 ans en 2019, Macron assure que "le pays n'était pas le même" à l'époque

Le président de la République a été interrogé sur une déclaration qu'il avait faite en 2019, au cours de laquelle il jugeait "hypocrite" le recul de l'âge légal de départ à la retraite à 64 ans. Aujourd'hui c'est ce que l'exécutif propose.

Depuis le début des débats sur la réforme des retraites et l'annonce du report de l'âge légal de départ de 62 ans à 64 ans, un extrait d'un ancien discours d'Emmanuel Macron circule beaucoup. Dans la vidéo, datée du 25 avril 2019, on peut entendre le chef de l'État juger "assez hypocrite" un tel recul.

"Est-ce qu'il faut reculer l'âge légal qui est aujourd'hui de 62 ans? Je ne crois pas", lançait-il alors.

"Quand aujourd'hui on est peu qualifié, quand on vit dans une région en difficulté industrielle, quand on est soi-même en difficulté, qu'on a une carrière fracturée, bon courage déjà pour arriver à 62 ans", argumentait Emmanuel Macron. "C'est ça la réalité de notre pays."

Le chef de l'État a été interrogé ce mercredi sur cet extrait passé et pour lui, la situation actuelle n'est pas du tout comparable avec celle de 2019. "Le mandat que j'ai demandé en 2022 n'était pas celui de 2017 parce que le pays n'était pas le même", assure-t-il.

"Le mandat que j'ai en 2017 c'est de créer un système universel des retraites, en aucun cas de bouger l'âge de départ", rappelle-t-il, mais en 2022, "la situation est drastiquement différente."

"Le problème du chômage dans notre pays"

Emmanuel Macron pointe d'une part du doigt le taux de chômage. En 2019, il déclarait en effet que "tant qu'on n'a pas réglé le problème du chômage dans notre pays, franchement ce serait assez hypocrite de décaler l'âge légal". En somme, étant donné qu'il est difficile de trouver un emploi, notamment pour les seniors, il semble difficile de demander de cotiser plus longtemps.

Le président souligne ce mercredi qu'il s'exprimait alors en 2019 "dans une société qui est à plus de 8% de taux de chômage". D'après le dernier rapport de l'Insee, au quatrième trimestre 2022, le taux de chômage était plus bas, s'établissant à 7,2% de la population active (hors Mayotte).

Toujours d'après les données de l'Insee, on trouvait en 2019 568.000 chômeurs de plus de 50 ans, contre 498.000 en 2022. Toutefois, le ministère du Travail notait en début d'année que le taux d'emploi chute très fortement après 60 ans. D'autre part, le taux de chômage des seniors a tendance à stagner, alors qu'il baisse dans les autres catégories d'âge.

Emmanuel Macron ajoute que les ordonnances travail, qui ont été mises en place pour renouveler le dialogue social et les relations de travail, n'étaient, en 2019, en place que depuis 18 mois: "Cela fait six ans maintenant qu'elles sont en œuvre" avec, assure-t-il, des effets bénéfiques sur l'emploi.

"Nos comptes se sont dégradés"

Pour assurer de la nécessité de la réforme, il invoque également les difficultés économiques qui sont survenues en quatre ans: "On a eu le Covid, on a eu la guerre, on a eu l'inflation... La nation a dépensé des dizaines de milliards d'euros pour protéger, elle a donc construit une dette, qu'on amortit dans le temps et nos comptes se sont dégradés."

"Tous les experts disent 'vous avez un problème avec votre système des retraites'", assure encore le président de la République, qui a répété que cette réforme était aujourd'hui nécessaire pour le pérenniser.

Emmanuel Macron n'est pas le premier dont les déclarations passées, contrastant avec celles d'aujourd'hui, sont rappelées. Lorsqu'il était député socialiste, Olivier Dussopt, désormais ministre du Travail, s'était vertement opposé à la réforme des retraites défendue par le gouvernement de François Fillon. Il s'agissait alors de passer l'âge l'égal de 60 à 62 ans.

Article original publié sur BFMTV.com

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