OM: comment Faris Moumbagna est devenu l’invité surprise du sprint final marseillais

Comme si sa semaine n’était déjà pas assez mémorable, il s’est subitement envolé dans le ciel haut-garonnais. Héros de tout un peuple pour avoir été l’unique buteur du quart de finale retour de Ligue Europa contre le Benfica Lisbonne, avec une qualification dans le dernier carré à la clé, Faris Moumbagna a remis ça contre Toulouse en Ligue 1 (2-2 ce dimanche). Ce jeudi, l’attaquant camerounais avait plongé le Vélodrome dans l’ivresse. Trois jours plus tard, il a cette fois évité aux supporteurs une sacrée gueule de bois.

Alors que l’OM se dirigeait vers une bien triste défaite sur la pelouse de Toulouse, Moumbagna a sauvé le navire marseillais du naufrage en égalisant d’un sublime retourné acrobatique dans le temps additionnel. "Un ciseau comme ça, il m’a rappelé Jean-Pierre Papin, a glissé Jean-Louis Gasset en conférence de presse. Et c’est bien pour lui, pour sa progression car c’est un joueur en devenir, il n’est pas encore fini au niveau technique. (...) Marquer deux buts en quatre jours, des buts aussi importants, c’est parfait pour sa confiance."

Avec ces deux buts cruciaux inscrits en l’espace de 72 heures, Moumbagna porte son total à quatre réalisations en 14 matchs toutes compétitions confondues sous le maillot olympien, dont trois en championnat. En Ligue 1, parmi ceux à minimum trois buts inscrits, il est même le deuxième joueur qui présente le meilleur ratio but/minutes, selon Opta. Avec un but toutes les 112 minutes, il est seulement devancé par Kylian Mbappé (1 but toutes les 81 minutes).

Introverti, il découvre la pression inhérente à un grand club

Pour comprendre comment Moumbagna est devenu la belle surprise de ce printemps olympien, il faut d’abord revenir sur ce qui a poussé les dirigeants de l’OM à jeter leur dévolu sur son profil. En janvier, Medhi Benatia et les dirigeants marseillais estimaient que l’attaque phocéenne manquait d’impact physique. Pour eux, des joueurs comme Ismaila Sarr ou Pierre-Emerick Aubameyang allaient pouvoir utiliser leur vitesse grâce au point de fixation que peut représenter Faris Moumbagna, doté de cette capacité à peser sur les défenses.

Concrètement, il y avait déjà de la vitesse et de la finesse technique dans les rangs de l’attaque olympienne... mais pas assez de muscles. Vitinha, finalement parti durant ce mercato hivernal, était jugé trop tendre et de toute façon en manque de confiance.

Quelque peu introverti, comme on peut le voir lors de ses interviews, Moumbagna a aussi eu besoin d’une période d’adaptation. Arrivé de Bodo/Glimt (D1 norvégienne) contre environ huit millions d’euros, il découvre la pression inhérente à un tel club, que ce soit la pression médiatique ou la tension des grands stades. Il vit ce défi d’être à l’OM comme un rêve. Plus jeune, il était impressionné par Aubameyang, qu’il regardait à la télévision. Il suivait aussi l’OM avec beaucoup d’intérêt, comme un grand nombre de Camerounais.

La priorité de Gasset était de recentrer Iliman Ndiaye

À son arrivée sur le banc de l’OM, courant février, Jean-Louis Gasset ne l’a pas beaucoup utilisé. Il estimait alors que l’une des priorités était de recentrer Iliman Ndiaye, peu à l’aise sur un côté. Avec Ndiaye dans l’axe, Aubameyang côté gauche et Sarr côté droit, Gasset avait trouvé son trio offensif, d’autant que Ndiaye a réussi de bons matchs quand l’ancien adjoint de Laurent Blanc a pris en main l’équipe… avant de baisser de niveau.

Moumbagna a donc su saisir sa chance. Le staff de l’OM sait que le Camerounais peut parfois avoir des lacunes techniques, avec notamment une marge de progression balle au pied. Mais son jeu aérien, sa puissance physique et sa bonne frappe de balle sont des atouts jugés précieux, en interne.

"Gasset est entré dans la tête de tout le monde"

Il reste un jeune joueur (23 ans) et a un caractère plutôt timide. La semaine qu’il vient de passer pourrait être pour lui un déclic pour s’affirmer et prendre conscience de ses qualités. C’est ce que lui a dit le staff, qui apprécie ses efforts à l'entraînement, l’envie et la détermination qu’il démontre quand il entre en jeu ou pour gagner sa place au quotidien.

À son arrivée, Gennaro Gattuso avait estimé qu’il devait un peu "s’assécher". C’est un domaine dans lequel Moumbagna tâche de faire des efforts et de répondre aux exigences du haut niveau en termes de préparation, de condition physique et de récupération.

Malgré un faible temps de jeu accordé au Camerounais au moment de sa prise de fonction, Gasset n’a visiblement jamais perdu le lien avec l’attaquant. "Je pense qu'à son arrivée, il est entré dans la tête de tout le monde, a résumé Moumbagna dans un large sourire à la veille du déplacement à Toulouse. Il insuffle de la détermination à tout le groupe. J'ai une bonne relation avec lui. Il faut continuer de faire ce qu'il nous demande de faire. On voit bien qu’il y a des résultats. On essaie de le suivre à la lettre."

Aubameyang se sent à l'aise à ses côtés

L’abnégation et la réussite de Moumbagna devraient rapidement être récompensées. Contre Toulouse, Moumbagna est entré à la place d’Aubameyang, mais il était convenu que le Gabonais ne dispute qu’une heure de jeu. Aubameyang se sent à l’aise à ses côtés, car Moumbagna lui sert de point de fixation.

Il faut donc se préparer à une association Aubameyang-Moumbagna lors des prochains matchs. Une manière de le récompenser de sa semaine mais également la conséquence des difficultés rencontrées par plusieurs joueurs offensifs (Ndiaye, Correa) et des blessures (Ismaila Sarr est toujours diminué).

L’OM ne s’enflamme pas, loin de là, après les deux buts importants marqués par Moumbagna. Le club estime qu’il faut être patient avec lui car il vient à peine de découvrir l’exigence d’un club comme l’OM et cela demande encore beaucoup de travail et de persévérance. L’attaquant va encore devoir faire ses preuves. Mais un tel contexte, marquée par une semaine un peu folle, est forcément plus propice.

Article original publié sur RMC Sport