Olivier Dussopt traité « d’assassin » par le député LFI Aurélien Saintoul

   

Après la suspension de séance, Aurélien Saintoul a présenté ses excuses au ministre du Travail. Lequel les a « entendues » mais ne « pardonne pas ».

POLITIQUE - À croire qu’il est impossible qu’une séance consacrée à la réforme des retraites se déroule sans invective. Ce lundi 13 février, l’examen du texte a de nouveau été interrompu après que le député LFI Aurélien Saintoul a traité le ministre du Travail Olivier Dussopt « d’assassin » et « d’imposteur ».

« Nous n’espérons pas beaucoup de votre sincérité et de votre franchise », a commencé Aurélien Saintoul, alors qu’en début de séance Olivier Dussopt avait estimé à le nombre de décès au travail à 650 par an. « En 2017, il y a 550 morts dans des accidents du travail dans ce pays. En 2018, il y en avait 562. En 2019, il y en a eu 733. (...) Ce sont 150 orphelins, veufs, veuves en plus et vous avez la responsabilité de ces choix politiques. Vous êtes un imposteur et un assassin », a lâché le député des Hauts-de-Seine. Des cris ont retenti et Olivier Dussopt a quitté l’hémicycle durant la suspension, a constaté l’AFP. La séance a été interrompue dans la foulée par le président de séance, l’élu RN Sébastien Chenu.

À la reprise de séance, la présidente des députés Renaissance Aurore Bergé a réclamé « des excuses » et demandé que le sujet soit évoqué lors du prochain bureau de l’assemblée, sans pour autant réclamer sa convocation immédiate. « Il est inacceptable, inenvisageable que l’on continue dans cette escalade verbale. On ne peut en aucun cas traiter le ministre Olivier Dussopt d’assassin dans l’enceinte de cet hémicycle », a-t-elle dénoncé. Elle a aussi appelé à une condamnation ferme de tous les chefs de groupe, auxquels tous se sont prêtés.

Saintoul s’excuse face au tollé général

« Je tiens à dire à quel point nous sommes choqués par les propos qui ont été tenus », a dit sous les applaudissements le président du groupe communiste André Chassaigne se disant « blessé », « humilié » par de « tels propos ». « On parle d’un sujet très sérieux, des morts au travail, des seniors. Le député insoumis devrait s’excuser de ces propos et j’espère qu’il le fera », a réclamé le chef du parti socialiste Olivier Faure sur LCP.

« Vos idées sont respectables. Votre combat est respectable [...]. Mais de grâce, réfléchissez au poids des mots, abonde Laurent Marcangeli du parti Horizons. On ne peut pas impunément traiter un ministre (..) d''assassin’ parce qu’on n’est pas d’accord avec lui », ajoute-t-il, tandis que le LR Olivier Marleix a fustigé « l’outrance permanente », alors qu’un autre LFI Thomas Portes a été exclu vendredi pour quinze jours de séances après un tweet polémique.

La Première ministre Élisabeth Borne a aussi apporté « tout son soutien » au ministre. « Ceux qui insultent ne sont pas à la hauteur des Français qui les ont élus ni du débat démocratique qu’ils attendent », écrit-elle.

De retour dans l’hémicycle, Aurélien Saintoul a pris la parole pour présenter ses excuses. « J’ai eu des mots que l’émotion et l’emportement m’ont fait mal choisir et qui sont déplacés. Je souhaite évidemment les retirer et adresser des excuses publiques au ministre (...) J’ai commis une erreur et je demande (à en) être excusé », a-t-il déclaré, avant d’être applaudi.

Aurélien Saintoul a écopé d’un rappel à l’ordre avec inscription au procès verbal et se voit donc privé d’un quart de son indemnité de mandant pendant un mois. Cette sanction est la deuxième, sur les quatre prévues par le règlement de l’Assemblée.

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