Olivia Grégoire : « Les Français ne vont plus à la montagne que pour le ski »

France's Junior Minister for Small and Medium Compagnies, Craft Industries and Tourism Olivia Gregoire speaks during a session of questions to the government at The National Assembly in Paris on November 29, 2022. (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)
STEPHANE DE SAKUTIN / AFP France's Junior Minister for Small and Medium Compagnies, Craft Industries and Tourism Olivia Gregoire speaks during a session of questions to the government at The National Assembly in Paris on November 29, 2022. (Photo by STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

MONTAGNE - Vacances de février, acte III. Les écoliers de la zone C sont les derniers à partir en congé ce samedi 18 février. Ils seront nombreux à fréquenter avec leur famille l’une des 350 stations de ski de l’Hexagone, deuxième plus grand domaine skiable au monde après les États-Unis ; un secteur générateur de 20 milliards d’euros de chiffre d’affaires par an.

Interrogée par Le HuffPost, la ministre déléguée chargée du Tourisme Olivia Grégoire salue un taux de fréquentation très élevé malgré un enneigement qui n’a pas toujours été au rendez-vous. Optimiste, elle veut y voir le signe d’une adaptation en cours de la montagne française au changement climatique, une mutation indispensable à son avenir.

Quel bilan tirez-vous de la première partie de la saison hivernale ?

La montagne se porte bien : si nous prenons les vacances de Noël, le taux d’occupation était supérieur à 70 %. Quant aux vacances de février, la projection pour les deux dernières semaines, est à 80 % de remplissage, soit une hausse de 7 points par rapport à l’an passé.

Comment l’analysez-vous ?

Cela signifie d’abord que les Français sacralisent toujours ces moments de vacances et je ne peux que m’en réjouir. Ensuite, que malgré un début de saison peu enneigé, la fréquentation de la montagne se maintient. Cela prouve que les Français s’adaptent et ne viennent plus uniquement à la montagne pour le ski mais également pour son patrimoine, sa gastronomie locale, ses paysages.

Et la demande est là : une étude réalisée par l’agence Savoie Mont-Blanc Tourisme montre que 47 % des jeunes disent venir à la montagne pour l’attrait des paysages, contre 15 % uniquement pour le ski.

Vous croyez donc à l’avenir d’une montagne même sans neige ?

Je n’irais pas à cet extrême pour le moment. Il faut quand même observer que plus les métropoles se densifient, plus la montagne gagne à mettre en avant tous ses atouts qui permettent à chacun de s’oxygéner. Jusqu’au siècle dernier, la pente et la neige étaient des facteurs d’isolement pour l’économie de la montagne. Le ski a illustré sa capacité à se réinventer et nous sommes aujourd’hui face au même enjeu : renouveler les infrastructures et les pratiques pour attirer les touristes en dépit de l’absence de neige.

J’en profite pour saluer tous les acteurs de la montagne qui sont à la fois lucides sur le changement climatique en cours et très créatifs pour relever les nombreux défis qui en découlent. Je peux par exemple citer l’ESF qui a mis en place un fonds de dotation « Enfance et montagne », soutenu par l’État, qui développe ses programmes pour les classes de neige mais aussi pour les classes de printemps et d’été.

Ce changement de modèle coûte cher. Qui doit le financer ?

Le rôle de l’État est d’impulser et d’amplifier la transition écologique avec notamment le plan « Avenir montagne » lancé en 2021 et doté de 331 millions d’euros financés à parité par l’État et les Régions. Ce plan contribue par exemple à faire découvrir aux touristes la montagne hors de la saison hivernale. Je peux vous citer la construction d’une luge 4 saisons sur rail la station de Villarodin-Bourget en Savoie ou encore la rénovation des thermes de Bagnères-de-Luchon. Il permet également de booster la rénovation énergétique des copropriétés et des résidences de tourisme en station, condition sine qua non à la transition vers une montagne plus sobre énergétiquement.

Certains maires demandent aussi à pouvoir surtaxer les résidences secondaires, comme une nouvelle disposition leur permet, pour contraindre les propriétaires à louer leurs logements. Les incitez-vous à se saisir de cette possibilité ?

Je travaille avec le ministre du Logement sur la question des locations meublées donc je ne veux pas présager des conclusions du groupe du travail mais ces lits froids restent un problème. J’ai bon espoir qu’on arrive rapidement à des propositions pour les réchauffer notamment en allongeant la saison, et en boostant l’activité économique de la montagne. L’accélération du tourisme des quatre saisons doit en effet s’accompagner du développement d’une offre hôtelière de qualité, et ce, toute l’année.

Allonger la saison peut passer aussi par une redéfinition des vacances scolaires. L’envisagez-vous ?

Les vacances de février sont aujourd’hui étalées pour permettre d’avoir un taux d’occupation important sur tout le mois de février et jusqu’en mars. Il me semble que les professionnels s’en satisfont.

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