OL: Les coups de gueule brésiliens de John Textor font grincer des dents à Lyon
Pour certains fans de l’Olympique Lyonnais, très scrupuleux sur la récurrence des publications sur la toile, il y a vraiment deux poids, deux mesures dans la présence de John Textor sur les réseaux sociaux. Avec principalement des messages réguliers à propos de Botafogo (il a désactivé son compte X en mars dernier) et très peu sur l'OL.
Avec une circonstance aggravante: le timing des apparitions sur la toile. À l’exemple d’un retour amer de Nantes pour des supporters, dépités par le résultat de la demi-finale de Coupe de France perdue 1-0 en avril dernier - et donc l’absence de finale et d’une participation européenne. Ils voient alors fleurir, pendant qu’ils sont dans le bus de nuit des stories Instagram où John Textor s’affiche, fièrement et tout sourire, sur un succès du club brésilien. Preuve selon eux "qu’il aime Botafogo" et que l’OL c’est "pour le business".
Sidney Govou, par son coup de gueule sur X, prolonge aussi ce sentiment alors qu’il voit "son" club couler. "J’aurais aimé voir ce genre de sortie pour l’OL plutôt que de répondre que tout va bien après Clermont et que tout le monde voulait jouer le match après Marseille", a commenté celui qui a porté le maillot des Gones entre 1999 et 2010. Symbole des années de gloire avec ses 14 lignes au palmarès avec l’OL (sept titres de champion, une Coupe de la Ligue, une Coupe de France et cinq Trophées des champions), le numéro 14 aimerait, comme d’autres de sa génération, apporter son expérience pour tenter d’enrayer la chute.
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L'OL "mieux entendu" avec Aulas?
Sans oublier, le microcosme politique et économique entre la Rhône et la Saône que John Textor néglige sciemment et qui véhicule aussi ce sentiment de distance après une institution qui a remis la ville, par ses 18 participations en Ligue des Champions depuis l’an 2000, sur la carte des grandes métropoles européennes. Désormais, l’homme d’affaires américain pense qu’il peut faire sans eux. C’est mésestimer une donnée française: à Lyon comme ailleurs, la fluidité avec les pouvoirs locaux a toute son importance quand il s’agit de négocier, par exemple, la facture des lignes de tramway et/ou des parkings relais les soirs de matchs. Ou à terme de gérer l’éventuelle vente de l’Arena (salle de spectacle d’OL Groupe qui accueillera une bonne dizaine de matches de basket de l’ASVEL en Euroleague), alors que des engagements doivent être tenus avec la Métropole, qui a accordé, au forceps, le permis de construire il y a moins de deux ans.
Quant au côté tranchant de la sortie de John Textor à la fin du match de Botafogo, mercredi 1er novembre, il contraste avec le calme de la gestion de la crise au Vélodrome. Forcément, les événements d'OM-OL font ressurgir l’ombre de Jean-Michel Aulas. "En d’autres temps, l’OL aurait été mieux entendu", rappellent des habitués de l’ancien régime. Comprenez: il aurait mené à sa manière (bruyante, imposante et lancinante) la bataille médiatique sur ce sujet, là où John Textor l’a joué minimaliste et très factuel.
Propriétaire à distance
À cela s’ajoute une autre donnée qui accentue ce sentiment de froideur par rapport à l’OL: cette présidence en distanciel depuis les États-Unis ou entre deux avions direction Rio de Janeiro. John Textor n’a été par exemple présent sur la durée qu’à une reprise – la semaine du 23 octobre pour la publication des comptes et la photo officielle entre autres – alors que les autres passages étaient de simples sauts de puces. Et le soir d'OM-OL, le 29 octobre, alors que l’urgence de la situation (dernier du championnat) et du moment (joueurs marqués par le caillassage) aurait peut-être commandé qu’il change ses plans afin de rester à leurs côtés jusqu’à Lyon. Mais il est resté à Marseille pour traverser de nouveau l’Atlantique en début de semaine.
Dans l’entourage, on évacue toute forme de parallèle à dresser, sur le thème "comparaison, n’est pas raison". Avec Molenbeek et Crystal Palace, les publications ne pullulent pas, réplique-t-on. Avec cette précision sur la temporalité: "Au Brésil, il est patron de Botafogo depuis début 2022 et a donc une plus grande histoire avec le club". À Lyon, il n’en est l’homme fort que depuis mai dernier. Aussi, la parole est plus libre au Brésil qu’en Europe: il se permet de réagir de façon véhémente, là où il sait qu’en France des déclarations fracassantes peuvent amener à de lourdes suspensions.
Si on admet qu’il doit "apprendre mieux les codes de la Ligue 1", un proche du boss s’étonne aussi en souriant: "Vous critiquiez que Jean-Michel Aulas était trop sur les réseaux et là vous dites qu’il n’en fait pas assez, il faut savoir!" Entre les deux, il y a peut-être un juste milieu à trouver que John Textor ferait bien de chercher. Mais la période semble peu propice, alors que le tiers du championnat va être passé ce dimanche 5 novembre. La feuille de route lyonnaise se dessine ainsi facilement, aux dires d’un proche du boss américain: "L’heure n’est pas à la publication, mais à l’action sur le terrain. John a compris que la tradition lyonnaise est la suivante: «On travaille d’abord et on parle après»".
Et si entre les deux, il pouvait y avoir quelques points de plus dans la besace, ils seraient les bienvenus pour un club qui traverse un désert jamais vu, avec ce zéro pointé au niveau des victoires.