Oise: ce que l'on sait de la mort de Shanon, 13 ans, après un viol à Rantigny

Un drame à peine imaginable. Shanon, une collégienne de 13 ans, est morte le 27 mars. Trois semaines plus tôt, elle avait été hospitalisée dans un état grave, en arrêt cardio-respiratoire, après avoir subi un viol à Rantigny, dans l'Oise.

Trois personnes ont depuis été mises en examen. Un jeune homme de 19 ans est suspecté du viol de la jeune collégienne, il a été placé en détention provisoire. Un autre adolescent de 18 ans et une jeune fille de 13 ans ont été laissés libre sous contrôle judiciaire.

"On se sent impuissants face à ce drame, on est tous dévastés, brisés. Une famille entière les proches, les camarades...", a confié Aurélie, une cousine de la victime. Elle a lancé une cagnotte pour aider les parents de la jeune fille à financer ses funérailles. Une cellule psychologique a été mise en place dès 28 mars à l'établissement où Shanon était scolarisée. Ce mardi, elle était toujours en place.

· Que s'est-il passé le 6 mars?

Ce jour-là, Shanon, élève au collège Simone-Veil à Cauffry, dans l'Oise, se rend chez une de ses amies proches à Rantigny. Deux jeunes garçons de 18 et 19 ans sont arrivés, dans des circonstances qu'il reste à établir, chez cette jeune fille. Ont-ils été invités via les réseaux sociaux? Qui les a contactés? "L'instruction doit permettre de comprendre pourquoi ils étaient là", note auprès de BFMTV Me Frédéric Le Bonnois, l'avocat de la famille de Shanon.

Selon nos informations, les deux jeunes filles ont décidé d'avoir des relations sexuelles, chacune avec l'un des deux garçons présents. Et chacune dans une chambre séparée. Pour Shanon, il s'agit de son premier rapport sexuel. Que s'est-il ensuite passé dans la chambre? Le garçon qui était avec la collégienne prévient son copain qu'il y a un problème. Les deux jeunes hommes prennent la fuite. L'amie de Shanon alerte alors les secours.

Shanon est alors retrouvée en arrêt cardio-respiratoire. "Blessée à la suite de cette agression, la victime a été hospitalisée dans un état grave, avec pronostic vital engagé", a fait savoir le procureur de Senlis, Loïc Abrial. Transférée à l'hôpital, Shanon est maintenue en vie par un respirateur.

"La famille de Shanon a vécu une période de trois semaines d’angoisse, d'espoir à un moment, mais les médecins leur ont vite expliqué qu'il n'y avait plus d'espoir d'une vie future possible", confie Me Le Bonnois.

La collégienne est décédée le 27 mars lors de l'extubation. La famille de la jeune victime avait donné son accord pour la laisser partir. Ses obsèques auront lieu le mardi 9 avril.

· Quelles sont les blessures infligées à Shanon?

La scène a été d'une rare violence. Quand Shanon est découverte inconsciente chez son amie, elle a subi une perte de sang très importante. Une source proche du dossier évoque une plaie béante au niveau du vagin.

"C'est extrêmement violent car ça arrive à une jeune fille de 13 ans", relève l'avocat de la famille de Shanon. "L'instruction devra permettre de connaître les circonstances exactes mais on peut d'ores et déjà se poser la question des actes de torture et de barbarie."

Le procureur de Senlis, compétent dans ce dossier après le dessaisissement du parquet de Beauvais à son profit, a fait savoir qu'une autopsie médico-légale a été réalisée vendredi. Les résultats doivent être connus ce mardi 2 avril.

· Où en est l'enquête?

Le 19 mars, trois personnes ont été interpellées, il s'agit des deux jeunes hommes présents le jour des faits et de l'amie de Shanon. "Le violeur présumé a été placé en détention provisoire", a commenté le procureur de Senlis.

"Ses deux co-mis en examen, soupçonnés d’abstention volontaire d’empêcher un crime ont été laissés libres, avec une personne majeure placée sous contrôle judiciaire et une personne mineure placée sous mesure éducative judiciaire provisoire." Aucun ne présentait jusqu'alors d'antécédents judiciaires.

Après le décès de Shanon, l'information judiciaire a été requalifiée en "viol ayant entraîné la mort de la victime". Même si Shanon avait donné son accord pour avoir un rapport sexuel avec le garçon, les faits sont qualifiés de viol par la loi du 21 avril 2021 qui prévoit une "présomption de non-consentement sexuel pour les adolescents âgés de 15 ans ou moins". Le texte prévoit ainsi que les mineurs de moins de 15 ans n'ont pas le discernement nécessaire pour être consentants.

"La famille se pose plein de questions", a fait savoir Me Frédéric Le Bonnois. "On ne connaît pas encore l’implication de cette jeune fille (celle mise en examen, NDLR), personne ne la met en accusation pour les faits graves qui se sont produits. Tout le monde veut savoir la vérité et les faits exacts de ce drame."

Article original publié sur BFMTV.com