Offrir un smartphone à son enfant ? En tant que parent, voici les trois questions à se poser

Voici trois questions à se poser en tant que parent avant d’offrir un smartphone à son enfant.
dolgachov via Getty Images Voici trois questions à se poser en tant que parent avant d’offrir un smartphone à son enfant.

NUMÉRIQUE - Comment protéger les enfants des dangers du numérique ? Le sujet revient régulièrement sur la table. Le 16 janvier dernier, Emmanuel Macron disait vouloir « déterminer les bons usages des écrans pour nos enfants ». Gabriel Attal s’en est lui aussi emparé, lors de son discours de politique générale, le 30 janvier, parlant des écrans comme une « catastrophe éducative et sanitaire en puissance ».

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En France, les parents offrent un premier smartphone à leur progéniture dès l’âge de neuf ans et neuf mois en moyenne, selon un sondage de Médiamétrie datant de 2020. « Même si un enfant de huit ou neuf ans n’a pas forcément besoin d’un smartphone, c’est un droit en tant que parent de lui en offrir un », rappelle Axelle Desaint, la directrice d’Internet Sans Crainte – le programme national de sensibilisation des jeunes au numérique –, que Le HuffPost a contactée.

Mais elle nuance : « Le plus sage est d’adapter le smartphone à son âge, car c’est trop dangereux qu’il puisse accéder à tout Internet sans protection. » À l’occasion du Safer Internet Day, qui se tient ce mardi 6 février, Le HuffPost lui a demandé quelles sont les trois questions qu’un parent doit se poser avant d’offrir un smartphone à son enfant.

Quels sont les besoins de l’enfant ?

Pour Axelle Desaint, un parent doit se questionner sur les raisons qui le poussent à lui offrir un smartphone. Elles peuvent être multiples : certains parents ont peur de marginaliser leur enfant, et qu’il soit exclu de certains liens sociaux. Ils peuvent aussi avoir besoin de le joindre, pour se rassurer lorsqu’il commence à faire des trajets tout seul.

Un smartphone peut également être utile pour accéder à des services comme l’ENT (Espace Numérique de Travail), mais aussi afin que l’enfant fasse ses premières recherches tout seul. Cela peut aussi être une demande de l’enfant plutôt qu’un besoin.

Dans toutes les situations, selon Axelle Desaint, se demander « pourquoi offrir un smartphone » peut permettre à des parents de se rendre compte que « les enfants n’ont pas forcément ce besoin », peu importe l’âge qu’ils ont. Ils doivent aussi avoir à l’esprit que s’ils font le choix d’équiper leur enfant, ils lui « envoient le message selon lequel ils sont d’accord pour qu’il utilise le smartphone en autonomie », ce qui peut l’exposer à certains risques.

À quels dangers l’expose-t-on ?

Avant d’offrir un smartphone, les parents doivent ainsi avoir conscience des dangers d’Internet et des réseaux sociaux. « L’enfant peut avoir accès à toutes sortes de contenus violents, comme la pornographie ou tout simplement à de l’actualité, telle qu’elle est présentée, sans filtres. Ils auront accès à des services qui ne sont pas autorisés pour des enfants si jeunes, comme les réseaux sociaux », liste Axelle Desaint.

Sur ces plateformes, les jeunes peuvent être exposés à du cyberharcèlement, mais aussi à de la pédocriminalité. « Des adultes peuvent essayer d’entrer en contact avec les enfants, de gagner leur confiance et de leur demander certains contenus », résume la directrice d’Internet Sans Crainte.

Autre risque, auquel on pense peut-être moins souvent : les enfants peuvent être les auteurs de délits liés au droit à l’image ou au partage de contenu personnel, sans même en avoir conscience.

Comment protéger l’enfant ?

« La bonne nouvelle, c’est qu’il existe plein de choses pour se protéger de ces dangers. Un smartphone est un outil que l’on peut adapter à l’âge de son enfant », explique la directrice d’Internet Sans Crainte. Si les besoins de l’enfant sont seulement de contacter ses parents, un téléphone sans accès à Internet peut d’ailleurs faire l’affaire.

Si les parents font le choix d’un smartphone, ils peuvent se contenter d’un forfait mobile qui permet seulement d’envoyer des messages ou de passer des appels. Dans ce cas-là, il n’aura accès à Internet que lorsqu’il y a du wifi, comme au domicile. « Ça permettra aux parents d’avoir déjà un regard sur certaines choses », estime-t-elle.

Autre solution : installer un contrôle parental. La loi obligera, à partir de juillet 2024, tous les fabricants d’appareils connectés à installer par défaut un outil de contrôle parental sur l’ensemble de leurs produits. Les parents ont néanmoins déjà la possibilité de le faire. Et cela permet de protéger son enfant de tout un tas de chose.

« On peut bloquer le téléchargement de certaines applications, on peut y installer uniquement des applis que les parents auront validées, ou on peut encore définir des plages de temps d’écran », énumère Axelle Desaint.

Elle rappelle toutefois que la protection à 100 % n’existe pas, et que l’enfant pourra toujours avoir accès à internet par d’autres moyens – sur le téléphone d’un camarade, avec un accès wifi public… Il convient donc aussi « d’informer des risques » et de faire de la prévention.

« Il faut lui dire qu’il peut tomber sur du contenu violent, qu’il existe des gens malveillants sur Internet. Le cyberharcèlement, ça peut arriver, comme des gens qui partagent des photos de l’autre sans son autorisation. Il faut également le prévenir au sujet des adultes qui tentent d’entrer en contact avec eux », détaille-t-elle avant de conclure : « Dans toutes ces situations, il faut dire à l’enfant qu’il doit en parler à un adulte si cela lui arrive. »

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