Océans en surchauffe: quelles conséquences pour les écosystèmes et l'atmosphère?

19,7°C. C'est la température moyenne enregistrée à la surface des océans (hors des zones prises par les glaces) le mois dernier, faisant de ce mois de mai le plus chaud jamais enregistré, 0,26°C au-dessus de la moyenne établie entre 1991-2020, d'après le service européen Copernicus.

Tout cela après un mois d'avril déjà record pour les océans, et avant un mois de juin qui pourrait lui aussi s'avérer historique. Et pour cause, une carte des mers et océans de la Nasa relève que la température de l'eau est anormalement élevée sur la façade atlantique et le long du littoral méditerranéen français à la mi-juin. 21°C ont été enregistrés sur la côte marseillaise, 22°C à Nice, 20°C à Royan ou encore 19°C au large de Biarritz.

Des effets "irréversibles"

Ce réchauffement des océans a de multiples conséquences, d'après les spécialistes. Météo-France alerte notamment sur des effets "irréversibles" comme "la fonte des glaces, l’élévation du niveau de la mer, des vagues de chaleur océaniques et l'acidification des océans."

Aussi, les océans ont absorbé 20 à 30 % des émissions de dioxyde de carbone dues à l'activité humaine depuis les années 1980. Mais cette capacité d'absorption est diminuée par le réchauffement des eaux.

"Les gaz sont moins solubles dans une eau plus chaude. Il faut donc s'attendre à une baisse d'efficacité de ces puits de carbone. Plus l'océan est chaud, moins il est capable d'absorber du CO2 et plus une part importante de nos émissions reste dans l'atmosphère", explique Laurent Bopp, directeur de recherches au CNRS à TF1info.

Et si les émissions de gaz à effets de serre ne sont plus absorbées par les océans, elles participent encore plus au réchauffement climatique.

Des événements météorologiques extrêmes

Aussi, les scientifiques craignent une augmentation du nombre de phénomènes météorologiques extrêmes, comme les ouragans, les tempêtes ou encore les cyclones. Car plus la mer est chaude, plus l'atmosphère contient de la vapeur d'eau et donc de la matière pour de fortes précipitations.

"Il faut s'attendre à des événements météorologiques extrêmes conduisant à des précipitations importantes", abonde Laurent Bopp.

Autre conséquence notable, la teneur en oxygène baisse dans l'eau, selon le CNRS. Cela est notamment dû à la plus faible solubilité de l’oxygène dans les eaux plus chaudes.

Des plantes et des animaux marins menacés

Tout cela a des répercussions sur la faune et la flore marines. "La chaleur, comme sur la terre ferme, est un facteur de stress pour les organismes marins", explique Daniela Schmidt, professeure de sciences de la terre à l'université de Bristol au Guardian.

Des morts massives de plantes et d'animaux marins ont d'ailleurs déjà eu lieu. Récemment, plusieurs milliers de poissons ont par exemple été retrouvés morts au large de la côte du golfe du Texas aux États-Unis. Selon les autorités, aucun produit chimique n'a été retrouvé dans l'eau, mais un manque d'oxygène dans l'eau a été relevé.

Hormis les poissons, ce sont les huîtres, certaines espèces d'algues ou encore les coraux qui sont menacés par le réchauffement des eaux, selon Dan Smale, de la Marine Biological Association.

Des risques pour la pêche

Au-delà de l'abondance des espèces, la chaleur de l'eau change aussi leur répartition sur le globe, souligne le Giec dans un rapport publié en 2019.

"Les changements dans la répartition des populations de poissons ont réduit le potentiel de capture global. À l'avenir, ce potentiel diminuera encore dans certaines régions, en particulier les océans tropicaux, mais augmentera dans d'autres, telles que l'Arctique", résume Météo-France, reprenant le rapport.

Tout cela est donc également préjudiciable pour l'humanité qui dépend en partie de la pêche.

Article original publié sur BFMTV.com