Nutriscore : ce qui va changer

Photo d'illustration (Photo by Thomas Trutschel/Photothek via Getty Images)
Photo d'illustration (Photo by Thomas Trutschel/Photothek via Getty Images)

Cet outil qui s'impose en France depuis 5 ans sur de nombreux produits va connaître plusieurs modifications d'ici la fin de l'année.

A, B, C, D ou E. Depuis son arrivée en France en 2017, le Nutri-score est entré dans les habitudes des consommateurs, afin d'évaluer la qualité nutritive des aliments en un coup d'oeil. Un dispositif qui s'est depuis étendu à d'autres pays comme l'Allemagne, l'Espagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg ou la Suisse.

Mais d'ici quelques semaines, le Nutri-score va changer. Si le principe de notation des aliments, de A à E selon leur qualité nutritive, reste le même, la note de certains produits va changer. Objectif, être plus cohérent avec les recommandations alimentaires. Désormais le Nutri-score valorisera davantage les produits complets, sans sel et sans sucre. Cinq catégories de produits vont ainsi évoluer.

Les plats préparés classés C ou D

Pour les produits laitiers, la différence de notation entre les produits sucrés et ceux qui ne le sont pas sera davantage marquée. Les produits transformés tout comme les plats préparés et certaines pizzas surgelées passeront de la meilleure note (A ou B) à C ou D.

Du changement également pour les céréales. Les céréales complètes obtiendront une meilleure note que celles raffinées, tandis que les céréales à teneur en sucre élevée verront leur note rétrogradée, passant de A à C.

La volaille mieux notée que la viande rouge

Autre changement, désormais les viandes rouges auront une note inférieure à la volaille, le saumon et les poisson gras auront une meilleure note, surtout dans les catégories A et B. Tout comme les huiles "moins riches en graisses saturées", comme celles à base d'olive, de colza ou de noix. Enfin, des changements doivent avoir lieu pour les boissons, sans que ceux-ci ne soient encore établis.

Des changements qui devraient permettre au consommateur de faire un choix plus rapide. "Les viandes très maigres resteront en A quand d'autres, plus grasses, pourront être dégradées en C ou D en fonction de leur classement initial", souligne auprès de L'Express Chantal Julia, médecin nutritionniste, enseignante-chercheuse à l'université de Paris 13 et membre de l'équipe scientifique qui participe au développement du Nutri-score.

Une bonne note ne signifie pas forcément que le produit est bon pour la santé

Le changement mettra plusieurs semaines à être perceptibles pour le consommateur, le temps pour les opérateurs de mettre en oeuvre le logo sur les produits. Pour rappel, un aliment ayant une bonne note au Nutri-score ne signifie pas forcément qu'il est bon pour la santé, cet outil indique seulement la qualité nutritionnelle d'un produit.

Ces changements ne devrait cependant pas éteindre toutes les polémiques autour du Nutri-score. En effet, certains industriels, voire des régions, dénoncent ce système qui note parfois mal la spécialité locale. C'est notamment le cas en Italie des entreprises et des syndicats agricoles, vent debout contre le Nutri-score. Début août, l'autorité italienne de la concurrence (ACGM) a demandé à trois entreprises dont Carrefour de changer les emballages des produits dotés d'un Nutri-Score.

Le Nutri-score bientôt obligatoire ?

En France, c'est l'inter-profession Roquefort, dont le fromage serait classé E, qui a réclamé de ne pas être soumise au logo, faisant valoir le respect du patrimoine gastronomique et de la tradition. Selon une étude menée par Santé Publique France, 57% des Français déclarent avoir déjà adapté au moins un de leur "comportement d'achat" en tenant compte du Nutri-score.

Un changement qui pourrait en préfigurer d'autres plus importants. Car la Commission européenne réfléchit à rendre obligatoire l'étiquetage nutritionnel d'ici fin 2022. Lors du lancement du Nutri-score en France, seules 6 marques l'appliquaient, contre plus de 800 aujourd'hui. "Mais certains groupes, comme Ferrero, Lactalis, Coca-Cola ou Mondelez, refusent toujours de l'inscrire sur leurs emballages", déplore Serge Hercberg, professeur de nutrition à l'université Sorbonne-Paris Nord. Un refus qui pourrait bientôt se heurter à l'obligation de la Commission européenne.

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