« La nuit du 12 », succès surprise de 2022 et favori des César

la nuit du 12
Haut et Court la nuit du 12

CINÉMA - L’heure du bras de fer a sonné. Ce vendredi 24 février, L’innocent de Louis Garrel, grand favori de la soirée, a un concurrent de taille : La nuit du 12. Et pour cause, le dernier long-métrage de Dominik Moll concourt dans dix des catégories de ces César 2023, parmi lesquelles les plus prestigieuses, comme celles du meilleur film ou de la meilleure réalisation.

Son acteur principal, Bastien Bouillon va, lui, tenter de briguer le titre de meilleur espoir masculin. Un coup de projecteur payant pour ce comédien discret de 37 ans. « J’ai davantage de propositions », a-t-il confié à Télérama, quelques jours avant la tenue de la 48e cérémonie de remise des prix de l’industrie du cinéma français.

L’interprète du capitaine Yohan Vivès poursuit : « Cette expérience me donne envie de garder le cinéma à un endroit très vertueux. Je ne suis pas fermé à l’idée d’explorer un cinéma plus populaire, mais ’La Nuit du 12’ me conforte dans l’idée qu’on peut faire des entrées avec des films exigeants. »

Ses mots font écho au succès du film. Produit par Haut et Court, La nuit du 12 n’a pas seulement fait un bon démarrage lors de sa première semaine d’exploitation à la mi-juillet (96 667 entrées), le petit dernier des films de l’auteur de Seules les bêtes et Harry, un ami qui vous veut du bien (César de la meilleure réalisation en 2001) a aussi réussi à faire venir près de 510 000 cinéphiles en salles.

Succès surprise de l’été

Et ce, dans un contexte de crise pour les cinémas français. Si ces derniers ont dernièrement enregistré « une des meilleures reprises au monde », leur fréquentation en septembre 2022 oscillait toujours entre 25 à 30 % de moins par rapport à 2019, année qui a précédé la pandémie de Covid-19.

Un bilan réjouissant donc, notamment d’un point de vue budgétaire. Le film disposait d’environ 4 millions d’euros, soit loin des enveloppes de certains des mastodontes de l’année passée, comme Simone, le voyage du siècle (16 millions) ou Qu’est-ce qu’on a tous fait au Bon Dieu ? (20 millions).

Succès surprise de l’été, il a profité, selon certains, d’un bon bouche-à-oreille. « Toutes proportions gardées, cela ressemble à ce qui s’est passé pour ’Boîte Noire’ ou ’En Corps’, des films à la narration différente dont le succès s’est inscrit sur la durée, comme l’a expliqué au Parisien Éric Marti, directeur de Comscore, société spécialisée dans l’analyse du box-office. Ça peut paraître évident, mais le public français est en demande d’histoires fortes, de réalisateurs talentueux et de productions qui ont du caractère. »

Un polar différent

La nuit du 12 n’est pas un polar comme les autres. D’entrée de jeu, le spectateur connaît l’issue de cette enquête de police. Comme dans le film, l’auteur du féminicide médiatique dont il s’inspire, survenu, lui, dans la nuit du 14 mai 2013 à Lagny-sur-Marne, en Seine-et-Marne, n’a jamais été retrouvé. Un prologue le précise noir sur blanc.

Et pourtant, la structure ne perd rien des tensions ou des réflexions du film, comme celles autour des violences faites aux femmes, en France.

« Sa réussite réside aussi dans les moments de groupes, de vie quotidienne entre les enquêteurs, que j’avais observés pendant son enquête, précise, toujours au Parisien, Pauline Guéna, autrice du livre 18.3. Une année à la PJ, dont le film est tiré. Un mélange fait de vannes, d’entraide, de compréhension entre des gens qui ne se sont pas choisis, mais qui vont affronter ensemble une violence extrême. » À voir maintenant si la success story se confirmera aux César.

À voir également sur Le HuffPost :

Lire aussi