Nouvelles révélations sur les écoutes de la NSA en Allemagne

L'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) a enregistré pendant des années les conversations téléphoniques de la chancelière allemande, Angela Merkel, et de ses collaborateurs mais aussi celles de l'entourage de ses prédécesseurs, Gerhard Schröder et Helmut Kohl, affirme WikiLeaks. /Photo d'archives/REUTERS/Kai Pfaffenbach

BERLIN (Reuters) - L'Agence nationale de sécurité américaine (NSA) a enregistré pendant des années les conversations téléphoniques de la chancelière allemande, Angela Merkel, et de ses collaborateurs mais aussi celles de l'entourage de ses prédécesseurs, Gerhard Schröder et Helmut Kohl, affirme mercredi WikiLeaks. De précédentes révélations, que l'on devait à l'ancien consultant de la NSA Edward Snowden, avaient déjà mis au jour la mise sur écoute de la chancelière, mais les nouveaux documents publiés donnent une idée plus précise de son ampleur. Selon WikiLeaks, qui diffuse trois documents présentés comme des enregistrements de conversations d'Angela Merkel et un autre qui répertorie les numéros visés, l'agence américaine a écouté pendant une longue période les communications de 125 numéros de téléphone de haut dirigeants allemands. Parmi les numéros placés sur écoute, figurent ceux de proches collaborateurs de la chef du gouvernement, notamment celui de Ronald Pofalla, son ancien chef de cabinet. "Les noms associés à certaines cibles montrent que l'espionnage dont la chancellerie a fait l'objet ne date pas d'Angela Merkel, puisqu'il inclut les équipes de l'ancien chancelier Gerhard Schröder (en poste de 1998 à 2002) et de son prédécesseur, Helmut Kohl", précise WikiLeaks dans un communiqué. Les trois communications diffusées mercredi remontent à 2009 et 2011. Angela Merkel y évoque notamment la crise financière de 2009, la crise de la zone euro en 2011 et les relations avec l'Iran au cours d'un entretien avec le prince héritier des Emirats arabes unis. Ces nouvelles révélations risquent de crisper à nouveau les relations entre Berlin et Washington, alors même que les dirigeants allemands et américains ont récemment voulu aplanir leur différend au sujet des précédentes affaires d'espionnage. Les deux pays sont des "alliés inséparables", avait assuré le mois dernier Barack Obama, en déplacement en Bavière. L'espionnage est un sujet délicat en Allemagne, où les pratiques des Nazis puis celles des autorités est-allemandes ont laissé des traces tenaces dans la mémoire collective. En 2013, les révélations d'Edward Snowden avaient déclenché une vaste polémique dans le pays. Récemment, Angela Merkel elle-même a été au coeur de la controverse puisqu'elle a été accusée d'avoir donné son feu vert au BND, principal service de renseignement allemand, en vue de collaborer avec la NSA pour espionner des entreprises et des responsables politiques européens, notamment français. Le gouvernement allemand n'était pas joignable dans l'immédiat pour réagir à ces révélations. (Paul Carrel, Simon Carraud pour le service français, édité par Tangi Salaün)