"Une nouvelle phase" de la guerre: ce que l'on sait de l'offensive "sans précédent" de l'armée israélienne à Gaza
Une guerre qui entre dans "une nouvelle phase". C'est ce qu'a affirmé ce samedi 28 octobre le ministre de la Défense israélien Yoav Gallant après une nuit d'intenses bombardements et d'incursion de l'armée israélienne dans la bande de Gaza.
Une offensive qui n'est qu'à ses "débuts", selon le porte-parole de l'armée israélienne. Ce samedi, les chars israéliens continuent de se masser à la frontière de l'enclave palestinienne et les tirs de roquette se poursuivent.
"Nos forces opèrent actuellement au sol dans la bande de Gaza", a déclaré le chef de l'armée, le général Herzi Halevi, dans un message télévisé.
Selon le ministère de la Santé du Hamas, 7.650 personnes, en majorité des civils dont plus de 3.500 enfants, ont été tuées dans les bombardements israéliens depuis le 7 octobre, jour des attaques terroristes du Hamas en Israël.
• "150 cibles souterraines" touchées
Chars blindés, hélicoptères, navires de guerre... Les attaques sur la bande de Gaza menées par l'armée israélienne ont atteint une ampleur inédite depuis le début du conflit avec le Hamas il y a trois semaines. Tsahal a déclaré ce samedi avoir "frappé 150 cibles souterraines" dans le nord de l'enclave au cours de la nuit.
"Durant la nuit, les avions de combat de Tsahal ont frappé 150 cibles souterraines dans le nord de la bande de Gaza, dont des tunnels utilisés par les terroristes, des sites de combat souterrains et d'autres infrastructures souterraines", a indiqué l'armée israélienne dans un communiqué.
Elle fait également état de "plusieurs terroristes du Hamas tués", dont un responsable de l'organisation palestinienne en charge "des paramoteurs, des drones, du matériel de détection et de la défense aérienne".
"Asem Abou Rakaba avait pris part à l'organisation du massacre dans les communautés en bordure de la bande de Gaza le 7 octobre", précise le communiqué. "Il avait dirigé les terroristes qui s'étaient infiltrés en Israël avec des paramoteurs et il était responsable des attaques de drones sur des postes de surveillance de Tsahal".
Selon le porte-parole de la Défense civile à Gaza, Mahmoud Bassal, "des centaines d'immeubles et de maisons ont été entièrement détruits" dans les raids nocturnes.
En réponse, le mouvement islamiste palestinien a annoncé avoir tiré "des salves de roquettes" sur Israël.
• Gaza-ville considérée comme un "champ de bataille"
L'armée israélienne a prévenu qu'elle considérait désormais Gaza-ville et sa région comme un "champ de bataille" et a ordonné aux habitants de "partir immédiatement" vers le sud.
"Le gouvernorat de Gaza est devenu un champ de bataille. Les lieux d'abris et l'ensemble du gouvernorat ne sont pas sûrs", peut-on lire sur des tracts que l'armée israélienne affirme avoir largués dans le territoire palestinien.
"Vous devez partir immédiatement vers les zones au sud de Wadi Gaza", la rivière qui traverse le territoire d'est en ouest.
• Coupure d'Internet à Gaza
Depuis ce vendredi, l'enclave palestinienne est coupée du reste du monde. La connexion internet est interrompue. Posant un véritable problème pour les ONG qui opèrent sur place et tentent de venir en aide aux 2.4 millions de Palestiniens qui vivent une catastrophe humanitaire. Des ONG et des agences de l'ONU ont indiqué avoir perdu le contact avec leurs équipes à Gaza.
"Les opérations humanitaires et l'activité des hôpitaux "ne peuvent continuer sans communications", s'est alarmée Lynn Hastings, une responsable de l'ONU.
Quant à Deborah Brown, responsable de Human rights watch, elle déplore que "cette coupure de l'information risque de servir de couverture à des atrocités de masse et de contribuer à l'impunité des violations des droits humains".
Le porte-parole israélien Daniel Hagari a affirmé que l'armée permettra ce samedi "l'entrée de nourriture, de médicaments et d'eau pour la population" de Gaza.
• Les familles des otages "inquiètes" pour leurs proches
Alors que la bande de Gaza subit un pilonnage d'une violence inédite, les familles des près de 230 otages, Israéliens, binationaux ou étrangers, retenus dans la bande de Gaza ont exprimé leur "inquiétude" et exigent du gouvernement des explications.
"Les familles s'inquiètent du sort de leurs proches et attendent des explications. Chaque minute semble être une éternité", déplorent-elles.
Ces frappes mettent "les otages en péril", a déclaré Haim Rubinstein, porte-parole du Forum des familles d'otages et de disparus. Après s'être entretenues avec le premier ministre Benjamin Netanyahu, elles ont réaffirmé qu'il fallait "les ramener tous, maintenant".
La branche militaire du Hamas a de son côté affirmé ce samedi qu'elle était prête à relâcher les otages qu'elle avait enlevés lors de son attaque sur le sol israélien en échange de la libération de tous les Palestiniens incarcérés en Israël.
• Le chef de l'ONU déplore une "escalade sans précédent"
Le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a déploré ce samedi "l'escalade sans précédent" des bombardements à Gaza et renouvelé son appel à un "cessez-le-feu humanitaire immédiat".
"Malheureusement, au lieu d'une pause, j'ai été surpris par une escalade sans précédent des bombardements et de leurs effets dévastateurs, compromettant les objectifs humanitaires", a-t-il déclaré depuis Doha.
Le chef de la diplomatie de l'Union européenne a quant à lui appelé à "une pause des hostilités". "Beaucoup trop de civils, notamment des enfants, ont été tués. C'est contraire au droit humanitaire international", écrit-il sur les réseaux sociaux.
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a accusé samedi l'Occident d'être "le principal coupable des massacres à Gaza".
En France, les réactions se multiplient également. Le premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, a dénoncé une riposte "devenue vengeance", invitant la France et l'Europe à "monter sur la table" pour tenter d'obtenir un cessez-le-feu.
Emmanuel Macron a rappelé ce vendredi que "la distinction doit être faite entre le Hamas et les populations civiles", ajoutant "qu'une trêve humanitaire est nécessaire".