La Nouvelle-Calédonie héberge l’être vivant au plus long génome du monde

Tmesipteris oblanceolata, l’être vivant au plus grand génome du monde
Cheng-Wei CHEN/Photo of Solomon Islands Tmesipteris oblanceolata, l’être vivant au plus grand génome du monde

NATURE - La vie est une grande farceuse. Des chercheurs de l’Institut botanique de Barcelone (Espagne) ont révélé ce vendredi 31 mai la découverte de l’être vivant hébergeant le génome le plus long connu à ce jour : il ne s’agit pas d’un éléphant ou d’une baleine, et encore moins d’un homme, mais d’une toute petite fougère calédonienne : Tmesipteris oblanceolata.

Les scientifiques peuvent pister votre ADN dans l’eau, le sable, et même dans l’air

La plante vient détrôner une autre fougère, Paris japonica, qui, comme son nom l’indique à moitié, est native du Japon. Et les chiffres de la nouvelle championne font tourner la tête des connaisseurs : 321 milliards de paires d’ADN sont contenues dans chacune de ses cellules, quand l’ex-détentrice du record atteignait péniblement les 298 milliards.

Si ces chiffres ne vous évoquent rien, voici une autre mesure du gigantisme. 321 milliards, c’est 50 fois la taille du génome humain. Si l’on dépliait l’ADN de Tmesipteris oblanceolata pour le mettre en ligne droite, le fil ferait 105 mètres de longueur par cellule… contre 2 mètres pour Homo Sapiens Sapiens. Mais comment cela se fait-il ?

Ce n’est pas la taille qui compte

Il faut d’abord revenir sur ce qu’est (et n’est pas) le génome. Il s’agit de l’ensemble du matériel génétique, c’est-à-dire des molécules d’ADN, présent dans chacune de nos cellules, où il s’exprime en codant des protéines. Ces dernières vont ensuite jouer une multitude de rôles, du fonctionnement de base de la cellule à la transmission d’informations.

Mais attention : on sait par exemple que le génome humain est composé d’environ 20 000 gènes codant les informations nécessaires pour produire des protéines, mais ceux-ci ne représentent seulement que 2 % de notre génome. À quoi servent les 98 % restants ? Une question à laquelle il est difficile de répondre quand on sait que la moitié d’entre eux ne sont que des copies de gènes existants, voire des copies de copies. Autrement dit, tous les gènes ne sont pas forcément « utiles », mais des traces de l’évolution.

Revenons-en maintenant à nos fougères. Elles sont, sans l’ombre d’un doute, des plantes. Or, dans les dizaines de milliers d’être vivants dont on a étudié le génome jusqu’à aujourd’hui, ce sont justement des végétaux qui tiennent le podium des eucaryotes (les êtres fonctionnant avec de l’ADN, comme les plantes, les animaux, ou les humains), suivis par des insectes (comme les moustiques) et les batraciens. Et contrairement à l’idée que l’on pourrait en avoir, cela n’a rien d’un avantage.

D’abord, comme on l’a vu, un ADN plus complexe ne signifie pas forcément des fonctions, des aptitudes plus grandes. Mais il y a également « des coûts clairs, biochimiques, métaboliques et de régulations associés à une quantité d’ADN en augmentation », estimait en 2023 une équipe écossaise. Une grande quantité d’ADN, ce sont des cellules plus vastes, et plus d’énergie pour les faire fonctionner, donc une capacité moindre à s’adapter, à survivre en milieu changeant. Un grand bravo à Tmesipteris oblanceolata, donc, mais on n’enviera pas son ADN géant pour autant.

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