Le nouveau profil des bénéficiaires des banques alimentaires

Le budget consacré à l'alimentation est en hausse de 14% par rapport à 2020 (crédit : getty image)
Le budget consacré à l'alimentation est en hausse de 14% par rapport à 2020 (crédit : getty image)

Les bénéficiaires de l’aide alimentaire sont toujours plus nombreux fin 2022, pointe une étude pour les banques alimentaires. Parmi les nouveaux profils : des personnes en CDI.

Quand l’inflation grimpe en flèche, le pouvoir d’achat, lui, s’effondre. En près de 10 ans, le nombre de personnes ayant recours à l’aide alimentaire a été multiplié par trois, passant de 820 000 en 2011 à 2,4 millions fin 2022. "Depuis 2008, les différentes crises économiques et sanitaires se sont traduites par cette 'marée lente' du recours à l'aide alimentaire qui n'a jamais reflué", observe une étude de la Fédération Française des Banques Alimentaires publiée lundi 27 février.

Le budget consacré à l'alimentation est en hausse de 14% par rapport à 2020 et occupe désormais le deuxième poste de dépense des personnes qui se tournent vers l’aide alimentaire, derrière le logement. Les factures d’énergie complètent le podium des plus grosses dépenses. Les prix "chers dans le commerce" sont pointées comme une des raisons de ce changement d’habitude, et notamment le prix des viandes, des poissons, des oeufs et des fruits et légumes.

Parmi les 17% des bénéficiaires qui ont un emploi, 60% sont en CDI

Outre les produits alimentaires, les besoins des personnes accueillies portent également de plus en plus sur les produits d’hygiène et d’entretien et les produits bébé. "Ces catégories de produits sont celles pour lesquelles l’écart entre la demande des personnes et ce qu’elles reçoivent est le plus important", précise l’enquête.

Résultat : "des populations aux profils de plus en plus différenciés ont désormais recours à l'aide alimentaire", note l’enquête. Chômeurs, retraités, parent au foyer… Plus de 80% des bénéficiaires sont sans emploi. Mais fait marquant, la précarité n’épargne pas les travailleurs.

Parmi les 17% des bénéficiaires qui ont un emploi, 60% sont en CDI. "Les travailleurs pauvres sont de plus en plus nombreux à venir dans les centres d’aides, ils sont inclus socialement, ont un emploi, un toit sur la tête", explique Laurence Champier, directrice fédérale des Banques alimentaires à Libération. Ces personnes sont majoritairement à temps partiel et leur revenu moyen est de 1070 euros, soit moins que le SMIC.

L’aide alimentaire jugée "essentielle"

"Le revenu de ceux qui ne travaillent pas est de 850 euros, c’est-à-dire moins que le minimum vieillesse", observe la Fédération Française des Banques Alimentaires qui note également que 60% des personnes accueillies vivent en zones périurbaines ou à la campagne.

Cette enquête souligne également que plus du tiers des nouvelles personnes accueillies ont recours à l’aide alimentaire depuis de moins de 6 mois, en hausse de 3% par rapport à 2020. La fréquence du recours à l’aide alimentaire s’accroît avec près de 6 personnes sur dix qui y ont recours une à deux fois par semaine. Les deux tiers des personnes interrogées jugent l’aide alimentaire "essentielle" et disent ne pas pouvoir s’en passer, une progression de 15 points depuis 2020. Cela ne devrait pas aller en s’arrangeant puisque les prix de nos achats alimentaires vont subir une importante augmentation à partir de mars.

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