Noms de rues: l'obligation instaurée pour toutes les voies à partir de ce samedi

Un bouleversement pour de nombreuses communes. À partir de ce samedi 1er juin, la dénomination de l'ensemble des rues et la numérotation de toutes les habitations deviennent obligatoires pour les communes de moins de 2.000 habitants qui auparavant n'étaient pas concernées. Près de 30.000 communes doivent s'y plier.

Toutes les voies publiques et les voies privées ouvertes à la circulation doivent recevoir un nom, ainsi que les lieux-dits. Chaque maison aura aussi son numéro.

Ce changement a été adopté par l'article 169 de la loi 3DS (Différenciation, décentralisation et simplification), votée en février 2022 et qui fixait ce 1er juin comme date limite à sa mise en application.

Un million de bâtiments sans adresse avant la loi

Avant que la nouvelle loi ne soit votée, ce sont "un million de bâtiments qui n'avaient aucune adresse", indique à l'Agence France-Presse (AFP) Philippe Dorge, directeur général adjoint du groupe La Poste, en charge de la branche services/courrier/colis.

L'entreprise a accompagné 4.500 communes sur le territoire français dans le processus d'adressage "afin d'éviter les risques de confusion en se retrouvant avec des rues du même nom", précise-t-il.

Pour ce dernier, cette nouvelle obligation facilitera le travail des personnes devant se rendre au domicile des particuliers, notamment "des coursiers, des facteurs mais aussi des secours".

Constituer une base d'adresses nationale

"Avant, on avait plein de bases de données hétérogènes et il fallait des mois aux communes pour obtenir un changement de nom", explique à l'AFP Ariane Rose, cheffe de projet à l'Agence nationale de la cohésion des territoires (ANCT), qui accompagne les communes.

L'objectif est d'entrer toutes les adresses dans une "base adresse locale" (BAL), qui alimentera elle-même une "base adresse nationale" (BAN). Aucune sanction n'est toutefois prévue pour les retardataires.

Des locaux inquiets

L'instauration de noms de rues n'a pas manqué de créer des débats dans certaines communes, s'inquiétant de la standardisation de certains noms de lieux. En Bretagne notamment, des associations ont saisi l'Unesco pour demander un "moratoire" sur l'application de la loi sur l'adressage.

Elles estiment que "l'application de la loi 3DS conduit de manière silencieuse et insidieuse à la débretonnisation de nos campagnes", déplorait auprès de l'AFP Yvon Ollivier, président de l'association Koun Breizh ("Mémoire de Bretagne").

Dans certaines communes, les nouveaux panneaux ont également été arrachés par les protestataires. À Passavant-sur-Layon, dans le Maine-et-Loire, le maire Pascal Bertrand avait démissionné l'année dernière après que la transformation de lieux-dits en noms de route avait suscité la colère de nombreux habitants.

Article original publié sur BFMTV.com