Nomination de Geoffroy Lejeune au « JDD » : la colère de la députée Sophie Taillé-Polian contre Vincent Bolloré

POLITIQUE - Le choix d’Arnaud Lagardère de nommer Geoffroy Lejeune à la tête du Journal du Dimanche n’en finit plus de faire des remous.

Ce mardi 27 juin à l’Assemblée nationale, la députée NUPES Sophie Taillé-Polian a ainsi vivement critiqué l’homme d’affaires Vincent Bolloré, la nomination de l’ancien journaliste de Valeurs actuelles intervenant juste après le feu vert donné sous conditions par la Commission européenne à Vivendi, le groupe de Bolloré, pour avaler Lagardère.

« Pour le milliardaire Vincent Bolloré, il suffit de sortir le porte-monnaie pour acheter les médias un à un et y imposer ses intérêts économiques et sa croisade idéologique », lance-t-elle, remontée, dans l’hémicycle (à écouter dans notre vidéo en tête d’article). « À chaque fois la même recette : management autoritaire, intervention directe sur la ligne éditoriale, censure. Partout où il passe, il vire les journalistes qui font du travail de terrain et qui sont attachés à la déontologie pour les remplacer par ses chroniqueurs d’extrême droite. »

Sophie Taillé-Polian enchaîne de plus belle : « Cet homme, qui utilise les médias pour imposer son projet politique, pardonnez-moi madame la présidente, pardonnez mon expression, mais il se fout de notre gueule cet homme ! »

« Oui, il se joue de notre attentisme », continue-t-elle. « Au Sénat sous serment, il avait déclaré qu’il n’interviendrait pas dans la nomination des dirigeants des médias, et que fait-il à peine quelques semaines, quelques mois plus tard : il nomme le responsable de la condamnation de “Valeurs actuelles” pour injure à caractère raciste à la tête du “JDD”. »

Elle ajoute qu’elle déposera dans les prochains jours une proposition de loi « pour donner un droit de regard aux journalistes sur la nomination de leur directeur de rédaction ».

Olivier Véran comprend les « craintes que cela peut soulever »

À l’Assemblée, la réponse du gouvernement est venue d’Olivier Véran. « Le gouvernement n’ignore pas ce qu’il se passe aujourd’hui au “JDD” et les craintes que cela peut soulever de toutes parts », affirme le porte-parole du gouvernement. « Le droit actuel ne comporte par exemple aucune disposition de nature à garantir l’indépendance des rédactions à l’égard des tentatives d’influence ou d’immixtion de la part d’actionnaires. » « Le gouvernement souhaite réfléchir à comment renforcer les garanties indispensables à notre démocratie qui s’incarne aussi dans la diversité des opinions. Toutes les pistes sont donc ouvertes », ajoute Olivier Véran.

Sur la nomination de Geoffroy Lejeune au JDD, « j’ai pris cette décision seul. Ni Vincent Bolloré, ni quiconque de Vivendi, n’a été impliqué », avait affirmé lundi dans Le Figaro Arnaud Lagardère.

« Je ne choisis pas Geoffroy dans le but de changer la ligne éditoriale, mais bien évidemment, le “JDD” doit aussi savoir s’adapter aux évolutions du monde comme nous l’avons toujours fait par le passé », avait-il également affirmé.

Pour que la prise de contrôle de Lagardère par Vivendi soit effective, ce dernier doit encore vendre le groupe d’édition Editis et le magazine Gala, selon les conditions fixées par Bruxelles.

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