Pour de nombreux jeunes Portugais, l’avenir est ailleurs

“Le Portugal a le taux d’émigration le plus élevé d’Europe et l’un des plus élevés du monde”, constate Expresso en préambule d’un article consacré à cette constante démographique. Dès le titre de une de son édition parue ce vendredi 12 janvier, l’hebdomadaire annonce que “30 % des jeunes nés au Portugal vivent actuellement en dehors du pays”, soit 850 000 personnes âgées de 15 à 39 ans. Car 70 % des Portugais qui émigrent ont moins de 40 ans.

Ces chiffres, qui figurent dans un “Atlas de l’émigration portugaise”, à paraître, ont pu être établis à partir des données fournies par les pays dans lesquels la diaspora lusitanienne s’installe. On y apprend qu’entre 2001 et 2020 plus de 1,5 million de Portugais ont quitté leur pays, soit 15 % de la population. Ils sont aujourd’hui 2,3 millions à vivre à l’étranger, et 70 % d’entre eux ont moins de 40 ans.

Une autre donnée importante est mise en exergue par Expresso : près d’un tiers des femmes en âge de procréer ont également émigré – à tel point que les naissances de mère portugaise à l’étranger “équivalent déjà à environ 20 % des naissances au Portugal”, éclaire Rui Pena Pires, coordinateur scientifique de l’Observatoire de l’émigration, qui s’inquiète des conséquences de cet exode sur la fécondité.

“Des attentes réduites à néant”

“L’émigration n’a pas reçu l’attention qu’elle méritait, ce qui montre l’incapacité du pays à retenir sa population”, déplore Maria Filomena Mendes. L’ancienne présidente de l’Association démographique portugaise redoute, elle aussi, l’“effet brutal” de ces départs constants, qu’elle tente de contextualiser dans les colonnes de l’hebdomadaire :

“Les crises économiques successives ont réduit à néant les attentes des jeunes, qui n’ont pas été bien traités chez eux et qui ne trouvent de projets d’avenir qu’à l’étranger, comme d’autres générations avant eux.”

Pour José Carlos Marques, sociologue spécialiste de l’émigration, l’État portugais doit intervenir “sur le plan de l’emploi et des salaires, car de nombreux jeunes diplômés au Portugal ne gagnent guère plus que le salaire minimum”. Jorge Malheiros, géographe spécialisé dans les migrations, abonde dans ce sens, mais souligne que le Portugal restera, quoi qu’il arrive, une terre d’émigration :

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