Le nombre d'IVG enregistré en France en hausse en 2022, niveau le plus haut depuis 1990
Depuis mars 2022, il est possible d’interrompre sa grossesse avant la fin de la 14e semaine de grossesse. Toutefois, la Drees n'estime pas que la hausse est due à ce changement de loi, ces "IVG dites tardives" représentant moins d'un cinquième du surplus observé.
Dans une étude publiée ce mercredi, la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) note une augmentation des recours à l'interruption volontaire de grossesse (IVG) en France en 2022. L'an dernier, 234.300 IVG ont été enregistrées.
Si ce chiffre est plus élevé que les deux années précédentes, historiquement basses en raison de la crise sanitaire, il est également en hausse par rapport à 2019, avec environ 7000 IVG enregistrés en plus.
"Tous les indicateurs augmentent et retrouvent un niveau comparable, voire supérieur, à celui d'avant le Covid-19", écrit la Drees dans un communiqué.
Hausse chez les majeures
Il s'agit du taux le plus haut depuis 1990 avec 16,2 IVG pour 1000 femmes en 2022, contre 157,7‰ en 2019. Selon les données de la Dress, c'est dans la tranche d'âge des 20-29 ans que les IVG restent les plus fréquentes avec un taux de recours de 26,9‰ pour les 20-24 ans et 28,6‰ pour celles âgées de 25 à 29 ans.
En 2022, le nombre d'IVG augmente pour toutes les femmes majeures alors que le taux pour les mineures "reste à un niveau équivalent à 2020 et 2021, toujours inférieur aux chiffres de 2019 comme des années antérieures".
Disparités régionales
Cette augmentation s'observe sur tout le territoire à l'exception de la Guadeloupe. Toutefois, ce rapport met en lumière d'importantes disparités territoriales. Le taux de recours à l'IVG est de 15,7‰ en France métropolitaine contre 30,7‰ dans les départements et régions d'outre-mer.
"En France métropolitaine, ils varient de 11,6 ‰ en Pays de la Loire à 22,6 ‰ en Provence-Alpes-Côte d’Azur", détaille la Drees.
Dans les DROM, les taux sont compris entre 21,0 ‰ à Mayotte et 48,7 ‰ en Guyane.
Méthode médicamenteuse majoritairement utilisée
"La baisse du nombre d'IVG en secteur hospitalier se poursuit", observe la Drees. Depuis 2005, les IVG médicamenteuses (opposées aux IVG instrumentales qui sont des interventions chirurgicales) ont été autorisées en ville, puis en centre de santé et centre de santé sexuelle.
En 2022, plus d'une IVG sur trois (38%) est réalisée en dehors des établissements de santé. En outre, la méthode médicamenteuse est la plus utilisée, y compris en établissement de santé. Elle représente 78% de l’ensemble des IVG au total, et 62 % de celles réalisées en établissement de santé.
Allongement du délai légal
En France, il est possible d’interrompre sa grossesse avant la fin de la 14e semaine de grossesse depuis mars 2022 (auparavant le délai légal était fixé avant la fin de la 12e semaine de grossesse).
Toutefois, la Drees n'estime pas que la hausse de l'an dernier est uniquement due à ce changement de loi. "Ces IVG dites tardives (...) représentent moins d’un cinquième du surplus observé", explique l'organisation. En effet, La part d’IVG tardives concernées par l’allongement du délai légal de recours à l’IVG est inférieure à 1,5% de l’ensemble des IVG réalisées en France.
Article original publié sur BFMTV.com
VIDÉO - Amandine Clavaud ("Droits des femmes : le grand recul") : "Au cours de la crise sanitaire, les Etats les plus conservateurs ont instrumentalisé l’IVG"